L'essentiel de l'actualité militaire







L'essentiel des liens militaires


Documents militaires


Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

Le raid de Naplouse, exemple type de la nouvelle doctrine militaire israélienne en milieu urbain

9 mai 2004

Char israélien à Naplouse, 8.4.02A

u début du mois d’avril 2002, lorsque les militaires israéliens a commencé son assaut sur le camp de réfugiés de Balata, à l’est de Naplouse, personne n’a réalisé qu’ils allaient créer un modèle pour les opérations contre-terroristes. Malgré les renseignements flous, l’improvisation tactique et l’apprentissage en cours d’engagement, ces 17 jours de siège – et en particulier les 4 jours de combat dans le camp – sont devenus une étude de cas sur le meilleure manière d’aborder une zone bâtie à haut risque.

Les commandants tactiques avaient reçu l’ordre de prendre le centre de Naplouse, de rechercher des armes, de procéder à des arrestations et de repousser les militants armés de la ville à la Casbah, le cœur du camp palestinien le plus peuplé de toute la Cisjordanie, pour qu’ils soient capturés ou tués. Le tout en prenant un minimum de risques pour les soldats israéliens ou les milliers d’habitants innocents de Balata, dont les quartiers serrés au sein de la vieille ville comme autour les plaçaient au centre des combats.


«... Nous n'entrerons jamais dans une zone hautement surpeuplée à partir de deux directions ; nous approchons à partir de multiples directions, aussi nombreuses que possible, afin d'essaimer autour de l'ennemi. »


« Il y avait une telle incertitude en matière de renseignements », se souvient le brigadier-général Aviv Kochavi, à l’époque commandant de la brigade parachutiste engagée sur place, « que l’estimation du nombre de terroristes présents dans le camp allait de 200 à 2000. » Une autre difficulté résidait dans les nombreuses charges explosives que les Palestiniens avaient posées le long des étroites ruelles qui entouraient la Casbah pour prévenir une avance israélienne.

L’opération a débuté le 3 avril. Deux brigades d’active et une brigade d’appui ont rapidement pris le contrôle du grand Naplouse et commencé une poussée à la fois méthodique et concentrique dans Balata. Le lendemain, les forces israéliennes avaient resserré leur étreinte de la vieille ville et averti la population d’évacuer les lieux afin d’éviter la bataille alors imminente.

Presque 3 jours de combats acharnés, maison par maison, se sont ensuivis. Contournant délibérément les ruelles et les approches frontales où ils seraient soumis aux embuscades et aux tirs de snipers, de petites équipes israéliennes ont fait irruption à travers les murs larges d’un mètre des bâtiments pour achever leur pénétration indirecte de la Casbah surpeuplée. Souvent, les soldats attendaient que les bonnes cibles apparaissent dans des conditions optimales pour déverser un déluge de feu provenant de directions multiples, d’après des sources israéliennes.

Le lundi 8 avril au matin, près de 300 Palestiniens armés et 300 de leurs supporters ont émergé du labyrinthe de béton pour se rendre aux forces israéliennes.



Une étude de cas

A la différence de l’opération que les militaires israéliens menaient en parallèle dans le camp de Jénine, et qui est depuis devenue un exemple de ce qui peut mal tourner dans ce type d’action [bien qu’elle ait été un succès, note du traducteur], la bataille de Balata s’est soldée par la mort de 74 combattants palestiniens et la capture de 480 suspects recherchés, au prix de seulement 2 morts dans le camp israélien, dont l’un lors d’un cas de feu ami.

Bien qu’un nombre important d’innocents figuraient dans les 155 Palestiniens blessés au cours des combats, les rapports des Forces de défense israéliennes (FDI) ne mentionnent que le décès de 2 civils non armés en guise de dommage collatéral. Ce qui contraste avec l’assaut du camp de réfugiés de Jénine, qui a provoqué la mort d’au moins 22 résidents innocents et en a blessé des centaines. Les combats de Jénine ont d’ailleurs vu ce que les FDI appellent un ratio personnel à terroriste inacceptable : 23 soldats israéliens tués contre 27 combattants palestiniens.

Le 1er août 2002, un rapport du Secrétaire général de l’ONU a largement confirmé les données israéliennes. « A Jénine, au moins 52 Palestiniens, dont la moitié peuvent avoir été des civils, sont morts. Les allégations de responsables de l’Autorité palestinienne faites à la mi-avril et selon lesquelles 500 personnes ou davantage auraient été tuées dans le camp de Jénine n’ont pas été étayées par les preuves qui ont ensuite émergé. »

Alors que les combats à Balata et à Jénine – faisant partie de l’opération « Bouclier Défensif » lancée suite à une vague d’attentats palestiniens – ont tous fourni des leçons précieuses aux FDI, ses responsables affirment que l’expérience de Balata a le plus nettement influencé les méthodes actuelles de combat en milieu urbain. « La plupart de nos techniques ne figuraient pas dans des livres ou des règlements, mais ont été apprises au cours des affrontements », a déclaré Kochavi lors d’une réunion de militaires professionnels fin mars en Israël. Aujourd’hui commandant de division dans le Commandement central israélien, il a ajouté que « nous étions dans un cycle de combat et d’apprentissage… et nous le vivions en temps réel. »

Lors d’un compte-rendu de l’opération à Balata sans précédent pour sa franchise et son niveau de détails, Kochavi a attribué le relatif succès opérationnel à de nouveaux concepts basés moins sur la conquête du territoire que sur la neutralisation stratégique de la menace terroriste. « Nous avons réalisé qu’il ne suffisait de s’emparer du terrain, de planter notre drapeau sur la Casbah et de s’en contenter, parce que ce drapeau [et les forces afférentes] deviendraient alors des cibles », a déclaré Kochavi aux participants d’une conférence sponsorisée par les FDI en Israël. « A la place, nous avons dû trouver de nouvelles manières de neutraliser le terrorisme et nous l’avons fait principalement en créant des conditions qui ont amené l’ennemi à commettre des erreurs. Si nous avons réussi, c’est moins en raison de nos actions que grâce aux erreurs de l’ennemi. »

A Balata, d’après Kochavi, « nous avions besoin de briser la géométrie en passant à travers les murs. Nos soldats ne marchaient pas dans les rues ; ils les approchaient de manière horizontale… choisissant l’instant de sortir dans la ruelle et d’affronter l’ennemi. » La seule perte dû à une action hostile du côté israélien, résultant de l’explosion d’une mine, s’est produite durant l’une des rares fusillades qui n’a pas été initiées par les forces israéliennes, a déclaré Kochavi. « C’était un combat pièce par pièce, maison par maison, le tout dans un espace de 30 mètres sur 30, et qui s’est produit vendredi à environ 1700. Cette petite bataille a compliqué notre opération et nous a forcé à nous écarter du plan, mais le soir nous étions revenus à notre entrée simultanée dans le quartier. »

Kochavi a précisé que l’opération de Balata représentait « une guerre sélective et chirurgicale », et n’impliquant aucun usage indiscriminé d’une force excessive. « Chaque heure ou presque, nous avons déclenché une fusillade. Les fers de lance étaient formés des compagnies… L’ennemi n’a anticipé ni notre ligne de pénétration, ni la direction de nos feux, et dans la plupart des cas il ignorait comment évacuer ses forces. »

Une autre leçon essentielle de Balata a été le désavantage lié à l’emploi d’une forte puissance de feu dans des zones bâties. « Elle nous enlève l’élément de surprise, l’ennemi fuit et n’est pas nécessairement tué, et il y a bien plus de risques de tuer des innocents », a souligné Kochavi. « Cela ne vaut pas la peine d’avancer en utilisant des armes lourdes à moins qu’un feu précis tiré sur nous ou que l’ennemi soit positivement identifié… Nous avons découvert qu’il était bien mieux d’agir comme un ver, en utilisant la puissance de feu de façon sélective pour créer la surprise et le chaos. »

Lors d’un entretien mené le 21 mars, le major-général Gabi Ashkenazi, suppléant du chef de l’état-major général, a déclaré que Balata a fourni des leçons inestimables sur la manière de déployer les forces, de pénétrer dans des zones surpeuplées et de maintenir le contrôle de secteurs – des leçons, a-t-il précisé, que les Israéliens ont partagées avec les forces US actuellement engagées en Irak. « Nous n’entrerons jamais dans une zone hautement surpeuplée à partir de deux directions ; nous approcherons à partir de multiples directions, aussi nombreuses que possible », a noté Ashkenazi. « Nous devons essaimer autour de l’ennemi comme la brigade Golani l’a fait dans la Casbah de Naplouse. Ce qui est très difficile et exige une coordination extrême. »

Une autre leçon essentielle pour les principaux dirigeants des FDI, d’après Ashkenazi, a été de permettre aux commandants sur le terrain comme Kochavi de faire leur travail avec un minimum d’interventions des échelons supérieurs. « Nous avons donné beaucoup de responsabilités aux niveaux opérationnels. Nous avons augmenté l’indépendance des commandants de division, de brigade et de bataillon, nous les avons bien entraînés… et c’est notre rôle à nous, dans les quartiers-généraux, de les laisser faire leur travail. »



Texte original: Barbara Opall-Rome, "Nablus Raid Wrote Israeli Guide to Urban Ops", Defense News, 26.4.04    
Traduction et réécriture: Maj EMG Ludovic Monnerat
    








Haut de page

Première page





© 1998-2003 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur