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L'enquête sur le crash du F/A-18 conclut à une accumulation fatale de facteur négatifs

7 novembre 1998


F/A-18D des Forces aériennes suisses, semblable à celui qui s'est écrasé le 7 avril 1998

Sept mois après l'accident, le rapport final du juge d'instruction militaire a été rendu public. Sans surprise, ses conclusions écartent à la fois défectuosité matérielle et erreur humaine, confirmant en cela les hypothèses avancées; des examens minutieux ont toutefois permis de préciser les circonstances du drame.


Deux pilotes disparus

Le mardi 7 avril dernier, vers 1420, un F/A-18 biplace des Forces aériennes suisses - immatriculé J-5231 - s'écrasait au-dessus de Crans-sur-Sierre, dans le canton du Valais, alors qu'il effectuait un vol d´entraînement au-dessus des Alpes bernoises et valaisannes dans le cadre de l´instruction sur F/A-18. Après avoir décollé de Payerne à 1355, il procédait à un exercice d´interception à une altitude de 6000 mètres, jouant le rôle du chasseur alors qu´un deuxième F/A-18 monoplace servait de cible, lorsqu'il a soudain disparu des écrans radar. A cet instant, la zone de l´accident - située à une altitude d´environ 1800 mètres - était plongée dans le brouillard et les bourrasques de neige. Après avoir constaté l´accident grâce à son radar de bord, le pilote du deuxième F/A-18 a atterri sans incident à Payerne.

Les pilotes de l'appareil biplace, le major Heinzelmann et le capitaine Martinoli, trouvèrent la mort dans l'accident malgré l'activation de leur siège éjectable. Cinq résidents du secteur de l'accident durent par ailleurs être hospitalisés en raison du risque causé par des fumées toxiques, mais purent rapidement regagner leur logis. Complètement désintégré, le F/A-18 s'est répandu en plus de 100'000 débris sur des centaines de mètres.


Le relief suisse est on ne peut plus exigeant pour nos pilotes

95% des débris recueillis

Rapidement mobilisé, un groupe de 40 secouristes retrouva le lendemain de l'accident la boîte noire de l'appareil, à cent mètres environ du point d'impact; elle fut immédiatement amenée à l´Office fédéral des exploitations des Forces aériennes à Dubendorf. Un spécialiste du constructeur du F/A -18 (Boeing, ex-McDonnell Douglas) partit des Etats-Unis pour la Suisse afin de participer au dépouillement des résultats et d´assurer la coordination avec les Etats-Unis. Alors que la reconstitution de l'exercice sur la base des données disponibles était en cours, le commandant des Forces aériennes prononça une interdiction de vol des F/A-18 jusqu'à ce que les causes de l'accident soient déterminées.

Sur les lieux, la troupe - notamment l'ER inf mont 210 de Savatan - fut mise à contribution pour les recherches, le nettoyage et la garde du secteur. Aujourd'hui, sept mois après, plus de 95% des débris ont été recueillis et éliminés. Mais l'accident n'en aura pas moins des conséquences.


Cause: une désorientation spatiale

L'examen approfondi de l'enregistreur de vol et des débris de l'appareil, les simulations et les calculs écartent sans doute aucun quelque défectuosité technique du F/A-18, par exemple un manque d'oxygène. C'est lors d'une manoeuvre standard, consécutive au tir simulé d'un missile, que le pilote a vraisemblablement perdu son sens de l'orientation dans l'espace.

Conclusion de l'enquête: "un pilotage trop agressif, une perception insuffisante des informations dispensées par les instruments de vol sans visibilité, combinés avec une interprétation difficile des indications du viseur tête haute (Head-up Display) dans une situation de vol extrême, ont provoqué un phénomène de désorientation spatiale (vertige du vol sans visibilité); une situation critique dont le pilote n'a plus pu se sortir."


La Navy et les Marines ont perdu 17 F/A-18 depuis 1994

Ejectés juste avant le choc

La cause de l'accident n'est pas pour autant un comportement fautif, mais plutôt un cumul de nombreux facteurs négatifs, dont le pilote n'a vraisemblablement pas eu suffisamment conscience, et qui l'a empêché de rétablir la situation. Avec l'avalanche d'informations et de perturbations que fournissent et produisent les avions de combat modernes, il s'agit là d'un problème connu.

Par malheur, le second pilote n'était qu'un passager dépourvu de formation sur le F/A-18, et n'avait aucune chance de reconnaître le danger à temps et d'intervenir efficacement. L'examen des fragments de l'appareil a en outre révélé que le pilote installé sur le siège arrière avait déclenché les sièges éjectables juste avant le choc – survenu à un angle de 75° et à une vitesse quasi supersonique – et donc trop tard. Ce drame est la tragique démonstration que même les pilotes les plus expérimentés et les plus qualifiés ne sont pas à l'abri d'un accident.


Accidents: 1,5 par 100'000 heures

Les Forces aériennes du monde entier ne l'ignorent pas. Aux Etats-Unis, pays d'origine du F/A-18, on a ainsi chiffré le nombre d'accidents fatals survenu en 1997 à 1,5 par 100'000 heures de vol; même si cette moyenne est en constante diminution, les crashes se révèlent inéluctables: cette année, pour les seuls chasseurs-bombardiers, l'armée américaine a déjà perdu 6 appareils, dont deux F/A-18.

Le dernier accident de cet appareil pourtant réputé sûr est survenu le 28 mai dernier, lorsqu'un pilote de la Navy s'écrasait dans le Nevada lors d'un exercice de bombardement. En tout, la Navy et les Marines ont d'ailleurs perdu pas de moins de 17 F/A-18 depuis 1994. Il est vrai que l'ampleur de la flotte - 548 F/A-18E/F vont remplacer les modèles actuels jusqu'en 2015 - est sans comparaison.


Maintien des mesures

Ce qui ne signifie pas que les Forces aériennes restent sans moyens. Concernant le crash du 7 avril, le rapport final propose diverses mesures en matière de vol et techniques susceptibles de permettre aux pilotes de F/A-18 d'éviter des situations inextricables. Les propositions ainsi que les étapes de la formation dans la phase d'introduction sont actuellement examinées par le commandement de la brigade d'aviation 31.

Les mesures prises après l'accident sont par ailleurs maintenues; c'est-à-dire, d'une part, les restrictions apportées aux exercices d'interception dans les nuages ou de nuit impliquant des manoeuvres à la verticale et des accélérations, et d'autre part les normes de comportement de nature à prévenir une illusion sensorielle. Enfin, des exercices spéciaux au simulateur et en double commande avec le cockpit recouvert ont été intensifiés.

Espérons que cela porte ses fruits!


Lt Ludovic Monnerat



Sources

Communiqués de presse du DDPS (1) (2), (3), informations CNN


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