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Divisés par la Loi militaire, les défenseurs de l'armée s'affrontent sur la stratégie de la coopération

14 avril 2001


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 n récent sondage réalisé sur le scrutin montre que 50% des Suisses soutiennent l'armement de nos soldats à l'étranger, contre 39% qui s'y opposent ; c'est outre-Sarine que le soutien serait le plus marqué, alors qu'au Tessin ses adversaires atteignent presque la majorité.

La tendance révélée par ses chiffres, par rapport à un sondage publié en décembre 2000 et indiquant 78% d'avis positifs, indique un scrutin pour le moins disputé. Mais elle témoigne surtout de la division entre les défenseurs d'une défense crédible sur le projet Armée XXI, et de l'échec potentiel du DDPS en matière d'information.

«... Une division qui amène à se demander si la communication sur le projet Armée XXI a été prise suffisamment au sérieux.»
«... Une division qui amène à se demander si la communication sur le projet Armée XXI a été prise suffisamment au sérieux.»

Il s'agit naturellement de considérer avec prudence les sondages de toute nature, même lorsqu'ils présentent a priori des apparences de sérieux : celui réalisé en décembre 2000 par l'institut Isopublic auprès de 1005 annonçait ainsi 49% d'opinions favorables à l'initiative " Oui à l'Europe ". En revanche, au vu de prises de positions publiques ou de déclarations dans des forums de débats, il est certain que la division est marquante dans les rangs des défenseurs habituels de l'armée.


La division au sein des officiers

Il est ainsi frappant de constater, dans le canton de Vaud, que ni la Société cantonale des officiers (SVO), ni le Forum rassemblant les jeunes officiers (FJA) n'ont émis de consigne sur la révision de Loi sur l'armée et l'administration militaire (LAAM) : devant les opinions contradictoires exprimées par leurs membres, ces deux sociétés ont carrément renoncé à prendre position. Une division qui amène à se demander si la communication sur le projet Armée XXI, depuis 2 à 3 ans, a été prise suffisamment au sérieux.

Car la lutte contre la révision, chez une part importante de militaires, s'inscrit avant tout dans le refus global de la stratégie du Conseil fédéral en matière de politique de sécurité, à savoir la " sécurité par la coopération ". Et il est exact que le plan politique à lui seul n'est pas à même de fournir des arguments irréfutables : seules des questions militaires ont cette capacité. Or celles-ci font assez nettement défaut dans la campagne en cours.

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Pourtant, un nombre impressionnant d'auditions, de présentations et de consultations ont été réalisées pendant la gestation du projet Armée XXI, entre 1998 (publication du rapport Brunner) et 2001 (publication du Plan directeur).

Plusieurs dépliants à l'apparence agréable et au contenu bien étudié ont également été envoyés directement à l'ensemble des cadres de l'armée, alors que tous les documents essentiels de la réforme ont été mis en ligne dès leur publication.

Cette volonté d'ouverture sans précédent semble toutefois ne pas avoir suffi, puisque plusieurs décisions prises voici de nombreux mois quant à la nouvelle armée, comme la suppression des troupes traditionnelles (cyclistes, train) ou le recours à des infrastructures d'instruction à l'étranger, sont aujourd'hui combattues.

La véritable question en matière de communication est donc la suivante : pourquoi ne pas avoir rendues publiques les dizaines d'études préalables et conceptuelles, rassemblant des centaines de pages, sur lesquelles repose le Plan directeur de l'Armée XXI ?

«... Pourquoi ne pas avoir rendues publiques les dizaines d'études préalables et conceptuelles sur lesquelles repose le Plan directeur de l'Armée XXI ?»
«... Pourquoi ne pas avoir rendues publiques les dizaines d'études préalables et conceptuelles sur lesquelles repose le Plan directeur de l'Armée XXI ?»

Les réflexions militaires orientant la réforme, et impliquant la révision de la LAAM, sont en effet incontournables :

  • L'évolution de la chose militaire accroît considérablement l'espace nécessaire à l'engagement des formations terrestres, en raison surtout d'armes à trajectoire courbe dont la portée, la précision et la létalité se sont accrues de manière drastique. Or la Suisse ne dispose aujourd'hui déjà d'aucune place d'armes permettant d'exercer un bataillon (ce qui nécessite l'utilisation de places à l'étranger, dans la mesure où les simulateurs en salle oblitèrent certaines réalités des engagements et ne répondent pas aux besoins de toutes les armes) ;
  • Les exercices les plus rentables sont ceux se déroulant à double action, c'est-à-dire qui mettent aux prises deux formations grâce à l'utilisation de simulateurs mobiles à rayons laser. Or notre armée n'a et n'aura pas de formations à haut niveau qualitatif pour faire office d'adversaire à des formations en cours d'instruction au niveau bataillon (ce qui nécessite la collaboration avec des troupes étrangères pour tester l'efficacité de nos formations) ;
  • Les engagements permettent d'engranger une expérience opérationnelle d'une grande importance pour l'évolution de notre doctrine militaire, notamment en cas de crise, et pour le recentrage de l'instruction sur les besoins liés aux missions réelles. Or notre armée ne peut trouver des conditions propices à un enrichissement – sur le plan sécuritaire surtout – que dans des missions de soutien à la paix étranger (ce qui implique la coopération avec des troupes étrangères pour des questions de transports, de logistique, de transmissions et de sûreté) ;
  • Les mutations dans le domaine des armements et des senseurs mettent absolument hors de prix une défense autonome de notre pays face à une menace conventionnelle moderne ou un engagement de missiles balistiques à longue portée, tout en rendant obsolètes la majorité des renforcements de terrain hérités du siècle passé. Or notre Gouvernement doit conserver la capacité d'assurer la défense des intérêts nationaux en cas de non-respect de notre neutralité (ce qui implique la liberté de manoeuvre de pouvoir collaborer avec des Forces armées étrangères pour la défense de notre territoire, et donc la capacité en temps de paix déjà de mener des opérations conjointes).


Les arguments militaires absents du débat

De fait, ces arguments ne figurent que marginalement dans les débats entre militaires sur la révision de la LAAM, au contraire d'éléments politiques qui somme toute n'en sont que la conséquence. Il faut regretter qu'aucun argumentaire militaire n'ait été élaboré depuis 1999, c'est-à-dire depuis la publication des Lignes directrices pour le Rapport sur la politique de sécurité 2000 et la prise des premières décisions clefs sur l'Armée XXI.

Il faut également regretter qu'aucune démarche d'information officielle, claire et détachée de tendances politiques, n'ait pas été entreprise durant la même période auprès des formations en service, et notamment des cadres. Les enjeux militaires de la votation restent largement méconnus du public a priori le plus concerné et le mieux informé.

Les médias n'ont certes globalement donné du projet Armée XXI qu'une image tronquée, centrée sur les innovations les plus basiques ou se lançant dans des spéculations déraisonnées. Mais leurs intérêts ne sont pas nécessairement compatibles avec la description dans ses moindres détails d'une réforme de l'armée.

Au-delà de la votation, qui fera toutefois office de sanction ou d'approbation pour toute une stratégie en matière de politique de sécurité, force est donc de reconnaître que l'institution militaire de ce pays reste désespérement médiocre en matière de communication, et ce également au sein de ses propres rangs.




Cap Ludovic Monnerat    





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