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La bombe humaine palestinienne est-elle une stratégie gagnante de la terreur ?

29 septembre 2002


Attentat-suicide, Rishin Lezion, 7.5.02V

oici une année seulement, les attentats-suicides étaient considérés comme une effroyable aberration dans le conflit israélo-palestinien, une expression du fanatisme religieux que la plupart des Palestiniens rejetaient. Mais une nouvelle réalité a émergé ces derniers mois : l'acceptation et la légitimation de cette pratique parmi les factions politiques et militaires palestiniennes.

Jamais dans l'histoire d'Israël, pour paraphraser Churchill, un tel mal a été infligé à autant de gens par un si petit nombre. Depuis le début de la deuxième intifada à la fin de septembre 2000, des dizaines de bombes humaines – les bombes H palestiniennes – ont secoué l'état juif et transformé les vies de ses habitants. De plus en plus, les Palestiniens en viennent à voir dans les attaques suicides une arme stratégique, une "bombe intelligente" du pauvre qui peut miraculeusement compenser la supériorité technologique et la domination militaire conventionnelle d'Israël.

«... Les Palestiniens ont apparemment décidé que les attentats-suicides leur apportaient la capacité d'infliger à Israël une douleur dévastatrice et sans précédent. »
«... Les Palestiniens ont apparemment décidé que les attentats-suicides leur apportaient la capacité d'infliger à Israël une douleur dévastatrice et sans précédent. »

Les Palestiniens ont apparemment décidé que les attentats-suicides, utilisés systématiquement dans le contexte d'une lutte politique, leur apportaient ce qu'aucune autre arme ne pourrait leur donner : la capacité d'infliger à Israël une douleur dévastatrice et sans précédent. Le rêve d'atteindre une telle parité stratégique est plus puissant que toute incitation à cesser cette pratique. Il est par conséquent improbable que cette stratégique soit abandonnée, même si son usage continu pousse le Proche-Orient chaque jour un peu plus près de l'abîme.


Des mortiers au martyrs

Le soutien palestinien aux attentats-suicides en tant qu'arme de guerre légitime n'a pas été immédiat. Au début de la deuxième intifada, la méthode de combat préférée des Palestiniens était basé sur la stratégie que le Hezbollah avait utilisée pour bouter les Forces de défense israéliennes (FDI) hors du Sud Liban après 15 ans d'occupation – un mélange de tactiques de guérilla comme les embuscades, les mitraillages, et l'attaque d'avant-postes. On pensait que la "libanisation" de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza amènerait le public israélien à considérer ces territoires comme des dangers permanents, comme il l'avait fait du Sud-Liban, et faire pression sur le gouvernement pour se retirer une fois de plus.

La division du travail choisie par le leader palestinien Yasser Arafat était claire. Son aile politique, le Fatah, autorisa ses unités paramilitaires, conduites par les milices Tanzim aux côtés des services de sécurité de l'Autorité Palestinienne (AP), a mener une campagne de guérilla contre les colonies israéliennes et des objectifs militaires en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Les groupes militants Hamas et Djihad islamique, en parallèle, reçurent la liberté de lancer des attaques contre des objectifs civils à l'intérieur d'Israël.

Dans une perspective palestinienne, cependant, les résultats de la campagne de guérilla dans sa première année étaient pauvres, surtout d'après la durée des combats et le volume du feu. Les forces palestiniennes lancèrent plus de 1500 attaques à balles contre des véhicules israéliens dans les territoires, mais ne tuèrent que 75 personnes. Ils attaquèrent les avant-postes des FDI plus de 6000 fois, mais ne tuèrent que 20 soldats. Ils tirèrent plus de 300 projectiles antichars sur des cibles israéliennes, mais ne parvinrent à tuer personne. Pour démoraliser les colons, les Palestiniens lancèrent plus de 500 attaques au mortier et à la roquette sur des communautés juives dans les territoires, et parfois à l'intérieur d'Israël, mais leur artillerie se révéla primitive et imprécise, et seul un Israélien fut tué.

Capture de Palestiniens, 11.3.02

La réponse israélienne à la campagne de guérilla, par-dessus tout, fut décisive. Utilisant de bons renseignements, les services de sécurité ciblèrent individuellement les militants palestiniens et détruisirent l'essentiel de l'infrastructure militaire de l'AP. Les soldats israéliens retournèrent également dans la "zone A", le territoire qui avait été placé sous contrôle palestinien à la suite des Accords d'Oslo, pour raser les sites suspectés d'abriter des tirs de mortier. Au début, ces incursions suscitèrent une réprimande internationale, même de la part des Etats-Unis. Le Secrétaire d'Etat Colin Powell, par exemple, dénonça la première incursion à Gaza en avril 2001 comme étant "excessive et disproportionnée".

«... Avec le temps, les incursions temporaires dans la zone A devinrent une pratique tellement commune que la communauté internationale cessa d'y prêter attention. »
«... Avec le temps, les incursions temporaires dans la zone A devinrent une pratique tellement commune que la communauté internationale cessa d'y prêter attention. »

Avec le temps, toutefois, les incursions temporaires devinrent une pratique tellement commune que la communauté internationale cessa d'y prêter attention. Piqué au vif par le manque de progrès de la lutte, Arafat tenta à la fin de 2001 un coup de poker avec une contrebande d'armes iraniennes à bord du cargo Karine-A. Mais des commandos de la marine israélienne s'emparèrent du navire et transformèrent ce stratagème en un désastre diplomatique honteux. Ce qui mit fin à l'émulation palestinienne du "modèle Hezbollah".

Au contraire de la stratégie de guérilla, la campagne terroriste menée pendant ce temps par le Hamas et le Djihad Islamique obtenait des résultats. Les mouvements islamiques réussirent à tuer ou à mutiler plus d'Israéliens en 350 poignardages, mitraillages et explosions à l'intérieur d'Israël que les organisations palestiniennes principales ne l'avaient fait en plus de 8000 attaques armées en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. L'impact le plus fort est venu de 39 attaques suicides qui tuèrent 70 Israéliens et en blessèrent plus de 1000 autres. Si l'on compare ce carnage avec les dommages limités causés par les 39 missiles Scud lancés par Saddam Hussein sur Israël en 1991 – 74 décès, pour la plupart causés par des attaques cardiaques –, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi les nouvelles méthodes ont connu une telle prolifération.

Les Palestiniens sont pleinement conscients des souffrances qu'ils ont enduré des mains des militaires israéliens en réponse à la campagne terroriste, mais la majorité voient néanmoins celle-ci comme un grand succès. Ils tirent réconfort et satisfaction du fait que les Juifs souffrent également. Les Palestiniens pensent que le plus grand accomplissement de la campagne n'est pas seulement la mort de tant d'Israéliens, mais le déclin de leur économie, la destruction de leur industrie touristique et la démoralisation de leur population. Selon un sondage effectué à la mi-mai, deux tiers des Palestiniens disent que la violence de la deuxième intifada a fait davantage pour eux que ne l'ont fait les précédentes années de négociations.


La légitimisation de la terreur

Avant l'éclatement de la deuxième intifada, les Palestiniens faisaient la distinction entre les attaques menées sur des colons, sur des objectifs militaires israéliens et sur des civils à l'intérieur d'Israël. Mais ces distinctions sont en train de disparaître. Bien qu'après les incursions israéliennes de ce printemps l'approbation des attaques contre des civils israéliens a chuté de 6 points à 52%, l'opposition à l'arrestation des auteurs de telles attaques s'est élevée de 10 points à 86% - un chiffre proche du soutien de 89% et 92% pour les attaques, respectivement, contre les colons israéliens et les soldats dans les territoires.

Dans l'ère de l'après-11 septembre, toutefois, où des attaques délibérées contre des civils innocents sont un anathème aux yeux de la plupart des gens, l'adoption du terrorisme comme stratégie a nécessité que les Palestiniens se persuadent eux-mêmes, et d'autres, que ce qu'ils font est légitime. Ils ont par conséquent créé ce qu'ils voient comme une équivalence morale entre le mal qu'Israël inflige à la population civile palestinienne et les attaques palestiniennes contre des civils israéliens, y compris les enfants. Ils ont également développé une interprétation créative du terrorisme, où la fin prime les moyens.

Ainsi, en décembre 2001, plus de 94% des palestiniens dirent aux sondeurs qu'ils considéraient les incursions israéliennes en zone A comme des actes de terreur, alors que 82% refusaient de juger pareillement l'assassinat de 21 jeunes israéliens, six mois plus tôt, dans une discothèque de Tel Aviv. Et 94% affirmèrent qu'ils définiraient comme terroriste l'hypothétique usage israélien d'armes chimiques ou biologiques contre des Palestiniens, alors que seulement 26% ne diraient pas de même en cas d'usage inverse. Il est également intéressant de constater que cette nouvelle définition dépasse le cadre du conflit israélo-palestinien. Seulement 41% des Palestiniens, par exemple, assimilaient les attaques du 11 septembre au terrorisme, et 46% pour l'attentat de Lockerbie.

Manifestation palestinienne, 8.5.02

Plus les Palestiniens se sont enthousiasmés pour les accomplissements de leurs "martyrs", plus le Fatah s'est lui-même trouvé sous pression pour adopter l'arme du suicide. L'année dernière, craignant une perte de l'appui populaire si la "rue" percevait les méthodes islamistes comme étant plus efficaces, les leaders du Fatah ont décidé qu'ils devaient suivre la voie.

En d'autres termes, la partie d'Arafat qui voulait montrer de la solidarité avec les Etats-Unis, et qui était déterminée à éviter toute association avec le terrorisme contre des civils, a succombé à la rage anti-israélienne et aux calculs politiques de ses lieutenants – et les membres de ce que le sondeur palestinien Khalil Shikaki a nommé la "jeune garde" du nationalisme palestinien.

«... Plus les Palestiniens se sont enthousiasmés pour les accomplissements de leurs "martyrs", plus le Fatah s'est lui-même trouvé sous pression pour adopter l'arme du suicide. »
«... Plus les Palestiniens se sont enthousiasmés pour les accomplissements de leurs "martyrs", plus le Fatah s'est lui-même trouvé sous pression pour adopter l'arme du suicide. »

L'acceptation officielle des opérations "martyre" par le Fatah prit place le 29 novembre 2001, lorsque deux terroristes se firent sauter ensemble dans un bus près de la ville israélienne de Hadera. L'un, Mustafa Abu Srieh, appartenait au Djihad islamique ; l'autre, Abdel Karim Abu Nafa, servait au sein de la police palestinienne à Jéricho. Mais la fraternité de sang avec les islamistes ne dura pas longtemps, et les Brigades de Martyrs d'Al Aqsa s'engagèrent dans un concours diabolique avec les islamistes pour savoir quel groupe perfectionnerait l'usage de l'attentat-suicide et lequel serait le plus utile à l'effort de guerre. Al Aqsa a capitalisé l'opposition islamiste à la participation féminine et établi des groupes de femmes volontaires pour les attentats-suicides en prenant le nom de Wafa Idris, la femme palestinienne qui s'est faite exploser en tuant un homme israélien, à Jérusalem, en janvier 2002. Le Djihad islamique, pour sa part, a recruté des enfants à partir de 13 ans pour des missions suicidaires.

Aussi bien les islamistes que le reste des Palestiniens en sont venus à considérer l'attentat-suicide comme une arme contre laquelle Israël n'a pas de défense absolue. Pour contrer les Scuds irakiens, Israël a développé et déployé l'Arrow-2, un système de défense antimissile de 2 milliards de dollars. Contre les bombes H palestiniennes, Israël peut au mieux construire une barrière. Les candidats à l'attentat-suicide sont plus intelligents que des Scuds, et les Palestiniens savent que même si Israël compte aujourd'hui plus de gardes et de vigiles que d'enseignants ou de médecins, les attaquants pourront toujours passer au travers.


Aveuglements militaires

Si l'histoire peut nous guider, la campagne militaire israélienne pour éradiquer le phénomène de l'attentat-suicide va probablement échouer. D'autres nations ayant affronté des adversaires prêts à mourir ont appris à leur dépens que, à moins d'annihiler complètement l'ennemi, aucune solution militaire ne résoudra le problème.

Mais les autorités israéliennes répugnent profondément à accepter cette réalité. La société israélienne cherche la sécurité absolue et adhère à la notion que la puissance militaire peut résoudre presque chaque problème de sécurité. Si les Palestiniens placent leur foi en Allah, les Israéliens placent la leur dans un char de combat. Consciemment ou non, la croyance dans l'utilité de la force – évidente dans la campagne populaire " Laissons les FDI gagner ", qui préconise une plus grande marge de manœuvre pour l'armée – reflète un choix stratégique de militariser le conflit plutôt que le politiser. Les principaux chefs des FDI proclament à répétition que l'application de la force armée peut créer sur le terrain une nouvelle réalité qui, en retour, pourrait permettre au gouvernement de négocier des accords politiques en des termes plus favorables.

Il est exact que si les FDI avaient finalement l'autorisation de "gagner", Israël obtiendrait des résultats tactiques impressionnants. L'opération "Bouclier Défensif" d'avril dernier a éliminé un échelon entier des chefs terroristes en Cisjordanie, paralysé l'infrastructure financière et opérationnelle de l'AP, et réduit ses arsenaux. Mais à d'autres périodes de son histoire, Israël n'a pas réussi à transformer ses résultats tactiques en gains stratégiques. Son usage intensif de l'instrument militaire lui a valu des condamnations internationales, a poursuivi la radicalisation de la société palestinienne et créé un environnement de colère menant à d'autres activités terroristes. En mai, sans surprise, les attentats-suicides ont repris.

Char israélien à Naplouse, 11.7.02

Les simulations des FDI avant la deuxième intifada avaient prédit qu'un retour de l'armée dans les principales villes palestiniennes se solderait par des centaines de pertes israéliennes. En fait, les incursions dans les territoires sous contrôle palestinien se sont révélées presque indolores. A la suite de l'assassinat du Ministre israélien du Tourisme Rehavam Ze'evi, en octobre 2001, les FDI ont lancé un large assaut sur l'AP, entrant dans les six villes principales de la Cisjordanie; la résistance palestinienne fut négligeable, et seuls six soldats israéliens furent blessés. L'opération "Bouclier Défensif", la deuxième grande incursion en zone A, n'a également rencontré qu'une résistance relativement faible. Mis à part la lutte dans le camp de réfugiés de Jénine, au cours de laquelle 23 soldats israéliens ont perdu la vie, les Forces israéliennes ont conquis six grandes villes palestiniennes et des dizaines de cités et villages mineurs en ne perdant que trois hommes.

«... Ce qu'Israël ne parvient pas à comprendre, c'est le paradigme que les Palestiniens ont choisi pour mener leur guerre. »
«... Ce qu'Israël ne parvient pas à comprendre, c'est le paradigme que les Palestiniens ont choisi pour mener leur guerre. »

Les FDI ont interprété le manque de résistance palestinien dans les villes comme un signe de faiblesse plutôt qu'un choix stratégique. Les Israéliens observent avec dédain les célébrations de "victoire" palestiniennes lorsque chaque incursion s'achève. Ils sont ébahis par le fait que leur ennemi tire davantage en l'air que sur leurs propres soldats. Ce qu'Israël ne parvient pas à comprendre, c'est le paradigme que les Palestiniens ont choisi pour mener leur guerre.

Admettant leur infériorité conventionnelle perpétuelle, les gens d'Arafat n'éprouvent aucun besoin de faire montre d'une résistance acharnée aux Forces israéliennes. Ils attendent simplement la fin de l'orage tout en préparent une nouvelle livrée de "martyrs". Les familles des suicidés reçoivent à présent une compensation financière deux fois supérieure à celle des familles de ceux tués autrement. Cultivant un ethos de l'héroïsme fondamentalement opposé à celui des Israéliens, la guerre de libération palestinienne a élevé l'attentat-suicide au plus haut de niveau de courage et de dévotion à la cause nationale.


Les leçons des barrières

L'incompréhension de la nouvelle guerre palestinienne dont font preuve les Israéliens pourrait bien revenir les hanter. Leur perception de la faiblesse ennemie va probablement les encourager à lancer des opérations punitives plus larges en réponse à de futures attaques. Mais les réponses militaires d'Israël vont finalement s'épuiser d'elles-mêmes, alors que les Palestiniens auront toujours des légions de "martyrs" volontaires.

En fait, malgré la rhétorique israélienne défiante, soulignant qu'il n'y aura aucune reddition au terrorisme, on peut déjà voir l'inverse se produire. Les Israéliens sont prêts à payer un prix économique et diplomatique de plus en plus élevé pour des périodes de calme sans cesse plus courtes. En conséquence, un nombre croissant de gens soutiennent des panacées comme la séparation unilatérale – la construction de murs, de barrières et de zones tampon pour protéger les centres populeux israéliens de la colère palestinienne.

La séparation unilatérale rendrait sans aucun doute plus difficile l'infiltration de candidats à l'attentat-suicide en Israël, mais elle augmenterait également leur prestige dans la région. Les candidats seraient considérés à juste titre comme les catalyseurs ayant bouté une fois de plus les Israéliens hors d'un territoire occupé, et les années de souffrance que les Palestiniens ont endurées seraient adoucies par un authentique sentiment de victoire. La politique israélienne du mur, perçue comme un retrait, assurerait les Palestiniens que la guerre réussit là où la diplomatie échoue.

Barrière de séparation près de Qalqilya, 7.8.02

Dans sa conception actuelle, de plus, l'emmurage des territoires ne réduirait que peu les griefs palestiniens. Peu importe la longueur de la barrière, par exemple : des dizaines de colonies juives éparpillées sur les collines de Cisjordanie resteraient obligatoirement au-dehors. Deux tiers des Israéliens, selon des récents sondages, soutiennent l'évacuation de ces colonies isolées et indéfendables pour rendre la séparation plus faisable. Mais malgré ces opinions, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a réitéré son refus de démanteler une seule colonie. "Le destin de Netzarim est le destin de Tel Aviv", a-t-il récemment déclaré à propos de la petite colonie isolée et fortifiée de la Bande de Gaza, qui a été la cible d'attaques palestiniens répétées.

«... La séparation unilatérale rendrait sans aucun doute plus difficile l'infiltration de candidats à l'attentat-suicide en Israël, mais elle augmenterait également leur prestige. »
«... La séparation unilatérale rendrait sans aucun doute plus difficile l'infiltration de candidats à l'attentat-suicide en Israël, mais elle augmenterait également leur prestige. »

L'Etat d'Israël se trouve par conséquent à un tournant de son histoire, mais à partir duquel aucune voie ne semble particulièrement attirante. Il doit trouver un moyen de se défendre contre un ennemi tellement désireux d'infliger des dégâts qu'il est prêt à subir lui-même les souffrances et la mort dans ce processus. Les représailles ne vont probablement pas fonctionner, mais le retrait n'amènerait sans doute qu'une violence plus grande encore.

S'il est une issue à ce dilemme, elle pourrait exister dans la persuasion du public palestinien que des objectifs constructifs ne peuvent être atteints qu'en abandonnant sa stratégie destructive. Israël devrait dès lors se lancer dans une politique récompensant les Palestiniens combattant effectivement le terrorisme et éviter toute politique contribuant à faire croire que le terrorisme est efficace. Les récompenses devraient être tangibles et significatives. Israël pourrait, par exemple, offrir à l'AP l'évacuation d'un nombre de petites colonies en échange d'une période de non-belligérance et d'une renonciation sans équivoque à l'attentat-suicide.

Cette période de calme pourrait alors créer les conditions pour de nouveaux pourparlers sur un accord final. Une telle approche indiquerait à la population palestinienne qu'Israël désire vraiment la paix et est prêt à payer le prix nécessaire pour l'obtenir, non par des paroles mais en actes. Plus important, montrer qu'Israël est disposé à affronter et faire plier ses propres éléments radicaux mettrait au défi les leaders palestiniens de faire de même.

Avant cette intifada, une large majorité de Palestiniens s'opposaient aux attaques de civils à l'intérieur d'Israël. Ils espéraient atteindre leurs aspirations à l'indépendance sans recourir au terrorisme. Comprendre comment parvenir à cela n'est pas seulement le bon choix, mais également la meilleure manière d'assurer la sécurité d'Israël. A moins que cet espoir ne puisse être ravivé, le sort de Tel Aviv pourrait effectivement devenir celui de Netzarim – ce qui serait une tragédie pour tous.




Texte original: Gal Luft, "The Palestinian H-Bomb: Terror's Winning Strategy", Foreign Affairs Magazine, July-August 2002    
Traduction et rewriting: Cap Ludovic Monnerat
    









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