L'essentiel de l'actualité militaire


Exposé guerre moderne


L'essentiel des livres







L'essentiel des liens militaires


Documents militaires


Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

La transformation comme processus durable : entretien avec le général Schneiderhan

25 avril 2004

Gen W. SchneiderhanA

près que le ministre fédéral de la défense eût présenté, lors d’une conférence de presse, ses réflexions et conceptions sur le développement futur de l’armée allemande, Rolf Clément, chef de service à la radio allemande, s’est entretenu à Berlin avec l’inspecteur général de la Bundeswehr, le général Wolfgang Schneiderhan, à propos de la transformation de l’armée allemande.

Mon général, depuis peu vous parlez de la transformation de l’armée allemande. Voulez-vous éviter que l’on parle d’une « réforme de la réforme » ?

Avec la notion de transformation, nous reprenons une notion qui est commune aux Etats-Unis et pour une grande partie à l’OTAN. Elle décrit la durabilité du processus d’adaptation des forces armées à des défis et des dangers modifiés, ainsi qu’à des développements en politique de sécurité comme par exemple l’élargissement de l’OTAN et de l’UE aussi bien qu’à des expériences d’application ou à des développements technologiques. La notion parle donc de la conversion de quelque chose d’existant vers quelque chose de nouveau. La réforme, par contre, est une réorganisation, l’actualisation de ce qui existe. Je ne veux rien éviter, mais plutôt atteindre quelque chose, à savoir que nous gardons le contact avec ce qui se fait au niveau international.


«... Il y aura une perméabilité en personnel du point de vue opérationnel. Le reproche automatique d'une armée de classes est plus que jamais vieillot, ennuyeux et faux. »


Le ministre Struck a repris votre proposition de répartir l’armée en trois catégories : les forces d’intervention, les forces de stabilisation et les forces de soutien. Quelles intentions y a-t-il là derrière ?

La question cruciale est de savoir ce que l’armée doit pouvoir effectuer opérationnellement afin que l’Allemagne soit capable d’agir dans le cadre international, surtout en matière de politique de sécurité. Cela exige un spectre de puissance d’application qui va du combat de haute intensité limité dans le temps et dans un cadre multinational jusqu’à des opérations plus longues de maintien de la paix pour assurer la stabilité et la reconstruction, et ce également dans un cadre multinational. Ce spectre doit être préparé, planifié, organisé et conduit, et pour le faire nous avons besoin de forces qualifiées. Des tâches différentes nécessitent des capacités différentes, qui doivent être réunies au niveau de l’organisation de manière appropriée et efficace, et ce constamment et avant qu’elles n’entrent en engagement. Et cela ne réussira que si nous orientons les forces, la base des forces et le service sanitaire central vers les nouvelles catégories.

Mais n’y a-t-il pas le danger que se forme une armée à trois vitesses ?

Non, car la différenciation n’est renvoyée qu’à des tâches et n’a rien à voir avec des catégories comme « plus important », « meilleur », etc. Chacune de ces tâches partielles est importante pour nous et nécessaire pour le rendement général du spectre de puissance, et seul une collaboration entre celles-ci nous donne une meilleure armée. Il y aura une perméabilité en personnel du point de vue opérationnel, ce qui sera également le cas entre les forces de combat et celles de stabilisation afin qu’elles puissent s’aider et se soutenir quand c’est nécessaire. Cela vaut surtout pour l’aspect de la préparation opérative pour le cas où une menace traditionnelle exigerait le recours aux capacités de la défense nationale. Le reproche automatique d’une armée de classes est plus que jamais vieillot, ennuyeux et faux.

Lorsque vous voulez développer des forces d’intervention et de stabilisation, leurs tâches sont surtout des engagements. Est-il encore justifié, en regard aux soldats et à leur famille, de les engager six mois ?

Avec des approches dogmatiques, nous ne satisfaisons pas les contrats. Des dimensions de planification sont une chose, les tâches en engagement, les capacités des troupes et une assistance sont cependant les dimensions déterminantes pour la durée de l’engagement du particulier. Nous avons l’ordre de réaliser une fonction, et sur cette voie nous avons bien progressé. On doit toutefois encore voir que nous utiliserons du temps avant de parvenir à l’interaction des temps d’engagement et des fréquences d’application.

Avec la décision future du ministre de donner un budget de 26 milliards d’euros, les cisailles se referment entre la planification et la dotation actuelle, surtout dans le domaine de l’équipement. Quels principes conduisez-vous avec l’édition de la planification d’équipement ?

La différenciation des tâches est déterminante. Les forces de frappe doivent être efficaces, mises en réseau, rapidement déployables et très mobiles. Les forces de stabilisation doivent pouvoir être maintenues pour un temps d’engagement plus long et doivent pouvoir réagir face à des situations d’escalade. Avec elles, la composante de protection réside au premier plan, parce qu’elles ne peuvent pas réaliser leur tâche à distance. Par conséquent j’accorde une grande importance à la protection personnelle des soldats. Ils doivent pouvoir se déplacer le plus sûrement possible en engagement. D’autres principes sont que tous ne doivent pas tout avoir et que la technique n’est pas toujours la solution.

Quels grands projets sont concernés ?

Des véhicules de transport et de conduite protégés ont la priorité. Les capacités de conduite et de reconnaissance doivent être améliorées au niveau du combat, le véhicule de combat Puma est important, même s’il n’est planifié qu’en petit nombre. Je ne veux pas faire ici toute la liste, mais nous arriverons rapidement à une réduction du nombre des pièces dans beaucoup de domaines pour arriver à une amélioration de nos capacités, car nous ne commençons pas, contrairement à ce qui disent beaucoup de plaintes, à partir de zéro.

Comment pouvez-vous garantir que le volume économisé ne soit pas pris à nouveau par le ministre des finances ?

Le ministre doit le permettre. Il connaît les conditions financières pour la planification que je lui ai présentée moi-même.

Vous êtes un défenseur de l’obligation générale de servir. Quel rôle voulez-vous lui accorder aujourd’hui et à l’avenir ?

Nous avons besoin de ces gens pour terminer notre éventail de tâches. Ils servent dans les fonctions des forces de stabilisation et de soutien, même s’ils ne sont pas utilisés en-dehors de l’Allemagne. Au sein des forces et du service sanitaire, nous nous frotterions les yeux si, pour maintenir les machines en état de marche, nous pouvions remplacer les soldats de milice par des autres en service long.

Les nouvelles catégories opérationnelles ne changeront rien. Nous remplissons tellement de tâches chaque jour, qui apparaissent comme aller de soi. On attend également de nous une capacité de réaction pour faire face à des événements imprévus survenus chez nous – et avant tout de pouvoir garantir des engagements ; sans nos soldats de milice, je ne sais pas comment nous pourrions le faire dans les conditions actuelles.

Mais ne leur cherchez-vous pas des tâches afin de maintenir le service obligatoire ?

Non, clairement non. Il y a une tâche qui doit encore être améliorée, à savoir la protection des citoyens allemands à la maison et à l’intérieur du pays. Ici nous devons dans le cadre de l’article 35 de la constitution mieux orienter la collaboration entre les soldats professionnels, contractuels et de milice. Cela n’est pas une nouvelle tâche, seulement quelque chose qui en 1990 a disparu du champ de vision de notre société. La terreur du temps passé revêt une empreinte différente.

Quelles expériences ont fait les alliés qui ont supprimé l’obligation de servir ?

Tout à fait différentes, et cela dépend naturellement beaucoup des conditions historiques, sociétales, économiques et sociales. Des pays qui peuvent mettre beaucoup d’argent dans la publicité, les salaires, la protection sociale et puiser dans un grand potentiel et rendre ainsi le service attractif, ont des problèmes quantitatifs maîtrisables. D’autres pays se plaignent du vieillissement, du manque de persévérance, de la baisse de niveau dans le domaine des officiers et sous-officiers, des problèmes de discipline et des problèmes sociaux. Je prends particulièrement en exemple les rapports venus de France au sujet de l’intérêt décroissant de la société pour les forces armées, et donc pour ce qu’elles offrent.




Texte original: Wolfgang Schneiderhan, "Transformation als dauerhafter Prozess der Anpassung", Europäische Sicherheit, Januar 2004  
Traduction et réécriture: Julien Grand
  









Haut de page

Première page





© 1998-2004 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur