L'essentiel de l'actualité militaire







L'essentiel des liens militaires


Documents militaires


Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

Il y a 50 ans, le général MacArthur achevait sa carrière militaire

11 avril 2001

Général d'armée Douglas MacArthurL

e 11 avril 1951 ne fut pas un jour faste dans l'histoire des Etats-Unis. L'acteur Sterling Hayden avouait avoir été communiste, "la plus stupide chose" qu'il ait "jamais faite", dans la vague du Maccarthysme. A New York, l'ambassadeur des USA aux Nations-Unies demandait d'augmenter le contingent onusien engagé en Corée, en particulier grâce aux pays non encore contributeurs. Et le Président Harry Truman démit Douglas MacArthur de ses fonctions comme commandant en chef US et allié en Extrême-Orient.

Absent du territoire américain depuis 15 ans, l'officier général le plus controversé du XXe siècle mettait ainsi un terme à une carrière particulièrement brillante, et longue de 53 ans. Fils et petit-fils de général, MacArthur se distingua durant la Première guerre mondiale sur les champs de bataille français, autant par son énergie et ses qualités de chef que par les attaques et les rapports dont il faisait l'objet, concernant ses manies vestimentaires, son refus de porter le casque, ou encore sa manière de conduire sa brigade d'infanterie à partir des avants-postes. Nommé à la tête de la 42e division quelques jours avant la fin du conflit, il fut l'un des rares officiers à ne pas être rétrogradé au retour sur le continent américain et conserva son grade de brigadier en prenant le commandement de l'Académie militaire de Westpoint.

Devenu Chef d'état-major général en 1930, à l'âge de 50 ans, Douglas MacArthur lutta pied à pied pour le maintien des crédits militaires et la modernisation des Forces armées américaines, à une époque où subsistait la certitude de ne plus jamais avoir de guerre. Une large frange de politiciens d'obédience pacifiste et de journaux l'attaquèrent violemment, le décrivant comme un va-t-en-guerre bardé de médailles. En 1936, au terme d'un mandat prolongé à la demande du Président Franklin Roosevelt, il prit le commandement de l'armée des Philippines, qu'il tenta de réformer avec un programme sur 10 ans s'inspirant du système de milice helvétique.

Mais la guerre et l'attaque japonaise dans le Pacifique allaient balayer ses défenses avant qu'elles ne soient achevées, et le contraindre à la retraite puis au siège de Bataan. Evacué sur ordre du Président le 11 mars 1942 pour reprendre la lutte à partir de l'Australie, MacArthur reçut une médaille d'honneur du Congrès qu'il aurait bien plus mérité 25 ans plus tôt; mais promu héros de la Nation américaine à l'heure où celle-ci en avait grandement besoin, utilisant pour ce faire son physique d'acteur hollywoodien et son charisme considérable, il se lanca dans une série de campagnes généralement très habiles, en utilisant efficacement ses moyens limités , grâcé à des offensives combinées terre-mer-air. Boutant les Japonais hors de Nouvelle-Guinée, isolant leurs possessions trop puissantes, neutralisant des armées entières en attaquant là où elles n'étaient pas, il parvint à reconquérir les Philippines en 1945 avec des pertes relativement faibles.

Ayant tenu la promesse d'une déclaration fortuite - "je reviendrai" - érigée en slogan, MacArthur fut nommé Commandant Suprême des Forces Alliées en Extrême-Orient et dirigea l'occupation militaire du Japon. C'est à cette occasion qu'il fit preuve de ses qualités d'homme d'Etat, parvenant tour à tour à expurger le pays du Soleil Levant de ses réseaux militaristes, à balayer le cloisonnement social issu d'un régime quasi-féodal et à faire du Japon un allié fidèle et prospère. Il fut d'ailleurs rapidement surnommé l'"Empereur blanc".

La une du New York Times, le 11 avril 1951

Au matin du 25 juin 1950, l'invasion nord-coréenne brisa la stabilité précaire de la région et devint pour un temps le symbole de l'irrédentisme communiste. Réduite à une sorte de police militaire pour limiter ses capacités offensives, l'armée sud-coréenne fut rapidement balayée et Séoul tomba trois jours plus tard. Inspectant le théâtre d'opérations coréen, MacArthur engagea rapidement les unités américaines présentes au Japon; nommé commandant en chef des troupes onusiennes le 7 juillet, il parvint à installer une base solide au sud de la Corée, le périmètre de Pusan. Le 12 septembre, avec le débarquement d'Inchon, il lança l'une des attaques de flanc les plus célèbres de l'histoire et anéantit en 2 semaines toute résistance au sud du 38e parallèle.

Pris dans les méandres de la politique de compromis adoptée par le Président Truman, MacArthur fut contraint de laisser toute la liberté de manoeuvre à la Chine communiste pour déclencher une attaque puissante le 27 novembre. Cédant énormément de terrain sous la pression, MacArthur parvint à rétablir la situation 4 mois plus tard et planifia la destruction de toutes les forces chinoises en Corée, par une manoeuvre de flanc à plus grand échelle visant à couper les lignes de communications communistes par des champs de déchets atomiques. Mais l'incompatibilité de vues croissante entre MacArthur et Washington allait finalement amener la suspension du général.

Accueilli comme un héros national à son retour aux Etats-Unis, MacArthur fit une brève tentative - sans succès - en politique, puis s'engagea dans une retraite active, ponctuée de nombreux discours mettant en garde ses concitoyens contre l'ennemi communiste. C'est son discours le plus célèbre que nous vous proposons de lire sur cette page, prononcé devant tous les officiers de West Point, le 12 mai 1962.

Le général d'armée Douglas MacArthur mourut le 5 avril 1964, à l'âge de 84 ans. Sa femme, Jean, lui survécut de longues années et décèda le 22 janvier 2000.


Cap Ludovic Monnerat    





Devoir, honneur, pays


Général d'armée Douglas MacArthur

Discours d'adieu à l'Académie militaire de West Point, le 16 mai 1962


Aucun être humain ne pourrait manquer d'être profondément ému par un hommage comme celui-ci, venant d'une profession que j'ai servie si longtemps et de gens que j'ai tant aimés. Il me remplit d'une émotion que je ne peux exprimer. Cette récompense n'est toutefois pas principalement destinée à une personnalité, mais symbolise un grand code moral – le code de conduite et de chevalerie de ceux qui gardent cette terre aimée, de culture et d'origine ancienne.

"Devoir", "honneur", "pays" – ces trois mots sanctifiés dictent respectueusement ce que vous voulez être, ce que vous pouvez être et ce que vous serez. Ils sont votre point de ralliement pour construire le courage quand le courage semble manquer, pour retrouver la foi quand il y a peu de raisons de croire, pour créer l'espoir lorsque l'espoir devient désespéré.

Malheureusement, je ne possède ni l'éloquence de la diction, ni la poésie de l'imagination, ni l'éclat de la métaphore pour vous dire tout ce qu'ils signifient.

Les incroyants diront que ce ne sont pas des mots, mais un slogan, une phrase flamboyante. Chaque pédant, chaque démagogue, chaque cynique, chaque hypocrite, chaque fauteur de troubles et, je suis désolé de le dire, certains autres d'un caractère entièrement différent, essaieront de les dévaloriser jusqu'à la moquerie et au ridicule.

Mais ce sont certaines des choses qu'ils construisent. Ils construisent votre caractère fondamental. Ils vous façonnent pour vos futurs rôles en tant que gardiens de la défense nationale. Ils vous rendent suffisamment forts pour savoir lorsque vous êtes faibles, et suffisamment courageux pour vous faire face lorsque vous avez peur.

Ils vous enseignent à être fiers et inflexibles dans l'échec, mais humbles et discrets dans le succès, à ne pas substituer les mots à l'action ni rechercher la voie du confort, mais à affronter la tension et l'attrait de la difficulté et du défi ; à apprendre à résister à la tempête, mais en ayant de la compassion pour ceux qui sombrent ; à vous maîtriser vous-mêmes avant de chercher à maîtriser les autres, à avoir un cœur qui est pur, un but qui est élevé ; à apprendre à rire, mais sans jamais oublier comment pleurer ; à vous diriger vers l'avenir, sans jamais négliger le passé ; à être sérieux, sans jamais vous prendre trop au sérieux – à être modeste afin de vous rappeler la simplicité de la vraie grandeur, l'ouverture d'esprit de la vraie sagesse, l'humilité de la vraie force.

Ils vous donnent une volonté trempée, une qualité d'imagination, une vigueur d'émotion, une fraîcheur des printemps profonds de la vie, un tempérament où prédominent le courage sur la timidité, l'appétit de l'aventure sur l'amour du bien-être.

Ils créent dans votre cœur le sens de l'étonnement, l'espoir constant en l'avenir, et la joie et l'inspiration en la vie. Ils vous enseignent de cette manière à être un officier et un gentleman.

Et quel genre de soldats sont ceux que devez conduire ? Sont-ils fiables ? Sont-ils courageux ? Sont-ils capables de gagner ?

Leur histoire est connue de chacun d'entre vous. C'est l'histoire de l'homme américain en armes. Mon jugement sur lui a été formé sur les champs de bataille, voici de nombreuses années, et n'a jamais changé. Je le considérais alors, et je le considère maintenant, comme l'une des figures les plus nobles du monde ; pas seulement comme l'un des meilleurs personnages militaires, mais aussi comme l'un des plus purs.

Son nom et son honneur sont le droit imprescriptible de chaque citoyen américain. Dans sa jeunesse et sa force, son amour et sa loyauté, il a donné tout ce que la mortalité peut donner. Il n'a besoin d'aucun panégyrique de moi, ni d'aucun autre homme. Il a écrit sa propre histoire et l'a écrit en rouge sur la poitrine de son ennemi.

En vingt campagnes, sur une centaine de champs de bataille, autour d'un millier de feux de camp, j'ai été témoin de ce courage solide, de ce sacrifice de soi patriotique, et de cette détermination invincible qui ont taillé sa statue dans le cœur de son peuple.

D'un bout du monde à l'autre, il a bu jusqu'à la lie le calice du courage. Quand j'ai écouté ces chansons, en souvenir je pouvais voir ces colonnes échelonnées de la Première guerre mondiale ployer sous des paquetages détrempés, marcher avec lassitude du crépuscule pluvieux à l'aube bruineuse, avancer les chevilles profondément enfoncées dans la fange de routes piquetées de cratères ; se former pour l'attaque d'un air sinistre, les lèvres bleues, couverts de boue, glacés par le vent et la pluie, approcher leur objectif et, pour beaucoup, la place du jugement de Dieu.

Je ne connais pas la dignité de leur naissance, mais je connais la gloire de leur mort. Ils moururent sans doute ni plainte, la foi dans leurs cœurs et sur leurs lèvres l'espoir que nous irions à la victoire.

Toujours pour eux : devoir, honneur, pays. Toujours leur sang, et leur sueur, et leurs larmes, lorsqu'ils virent le chemin et la lumière. Et 20 ans plus tard, sur l'autre face du globe, contre la crasse des trous de tirailleurs sales, la puanteur de tranchées fantomatiques, la bave des abris dégoulinants, ces soleils bouillants de l'implacable chaleur, ces pluies torrentielles des orages dévastateurs, la solitude et la désolation totale des pistes dans la jungle, l'amertume de la longue séparation avec ceux qu'ils aimaient et chérissaient, la pestilence mortelle des maladies tropicales, l'horreur des zones frappées par la guerre.

Leur défense résolue et obstinée, leur attaque prompte et décidée, leur indomptable détermination, leur victoire complète et décisive – toujours la victoire, toujours à travers la brume sanglante de leur dernier coup de feu, la vision d'hommes décharnés et horribles, suivant respectueusement votre mot de passe, devoir, honneur, pays.

Vous faites maintenant face à un nouveau monde, un monde de changement. La poussée dans l'espace de sphères satellites et de missiles marque le début d'une autre époque dans la longue histoire de l'humanité. Dans les cinq ou plus milliards d'années pendant lesquelles les scientifiques nous disent que la Terre a pris forme, dans les trois ou plus milliards d'années de développement de la race humaine, il n'y a jamais eu d'évolution plus brusque ou plus stupéfiante.

Nous avons maintenant affaire, non pas avec les objets de ce seul monde, mais avec les distances sans limites et les mystères incompris de l'univers. Nous tendons le bras vers une frontière nouvelle et sans bornes. Nous parlons en termes étranges d'exploiter l'énergie cosmique, de faire travailler pour nous les vents et les marées... de la cible principale en guerre, non plus limitée aux forces armées de l'ennemi, mais comprenant à la place sa population civile ; d'un conflit ultime entre une race humaine unie et les forces sinistres que quelque autre galaxie planétaire ; de tels rêves et fantaisies pour rendre la vie la plus passionnante de tous les temps.

Et à travers toute la confusion du changement et du développement votre mission reste gravée, déterminée, inviolable. Il s'agit de gagner nos guerres. Tout le reste de votre carrière professionnelle n'est que le corollaire de ce dévouement essentiel. Tous les autres motifs publics, tous les autres projets publics, tous les autres besoins publics, grands ou petits, trouveront d'autres que vous pour leur accomplissement ; car vous êtes ceux qui sont formés pour se battre.

A vous la profession des armes, la volonté de gagner, la certitude qu'en guerre il n'y pas de substitut à la victoire, que si vous perdez la nation sera détruite, que l'obsession même de votre service public doit être devoir, honneur, pays.

D'autres vont débattre des questions controversées, nationales et internationales, qui divisent les esprits des hommes. Mais sereins, calmes, distants, vous serez debout comme les gardiens en guerre de la Nation, comme ses gardiens de plage dans les marées déchaînées des conflits internationaux, comme ses gladiateurs dans l'arène de la bataille. Depuis un siècle et demi vous avez défendu, gardé et protégé ses traditions sanctifiées de liberté, de droit et de justice.

Laissez les voix civiles discuter les mérites ou les défauts de nos processus de gouvernement : si notre force est sapée un financement déficitaire trop longtemps autorisé, par un paternalisme fédéral devenu trop puissant, par des groupes de pression devenus trop arrogants, par des politiciens devenus trop corrompus, par un crime devenu trop répandu, par une moralité devenue trop basse, par des impôts devenus trop élevés, par des extrémistes devenus trop violents ; si nos libertés individuelles sont aussi solides et complètes qu'elles doivent l'être.

Ces grands problèmes nationaux n'exigent pas votre participation professionnelle ou une solution militaire. Votre ligne de conduite se détache comme une balise dans la nuit : devoir, honneur, pays.

Vous êtes le levain qui relie tout le tissu de notre système national de défense. De vos rangs sortent les grands capitaines qui tiennent en leurs mains la destinée de la Nation lorsque sonne le tocsin de la guerre.

La longue ligne grise ne nous a jamais lâchés. Si vous le faisiez, un million de fantômes en olive terne, en brun kaki, en bleu et en gris surgiraient de leurs croix blanches en grondant ces mots magiques : devoir, honneur, pays.

Cela ne signifie pas que vous êtes des bellicistes. Au contraire, le soldat prie pour la paix plus que tous les autres hommes, car il doit souffrir et porter les blessures et cicatrices les plus profondes de la guerre. Mais les mots sinistres de Platon, le plus sage de tous les philosophes, résonnent toujours à nos oreilles : " Seuls les morts ont vu la fin de la guerre. "

Les ombres s'allongent pour moi. Le crépuscule est arrivé. Mes vieux jours ont disparu – les tons et les teintes. Ils sont allés miroiter à travers les rêves des choses qui furent. Leur souvenir est celui d'une beauté merveilleuse, arrosée par les larmes, cajolée et caressée par les sourires d'hier. J'écoute alors, mais d'une oreille assoiffée, la mélodie ensorceleuse de faibles clairons sonnant le réveil, de tambours lointains battant le long roulement.

Dans mes rêves j'entends encore la clameur des canons, le fracas de la fusillade, l'étrange et lugubre murmure du champ de bataille. Mais au soir de mon souvenir je reviens à West Point. Toujours sonnent et résonnent : devoir, honneur, pays.

Aujourd'hui marque mon appel final avec vous. Mais je veux que vous sachiez que lorsque je traverserai le fleuve, mes dernières pensées seront celles du corps, et du corps, et du corps.

Je vous fais mes adieux.







Sites connexes





Haut de page

Première page





© 2001 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur