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La recherche et le sauvetage du pilote du F-117 abattu en Yougoslavie a été un modèle du genre

3 avril 1999


Hélicoptère MH-53 Pave Low III spécialisé dans les missions RESCO

La recherche et sauvetage au combat (RESCO), Combat Search and Rescue (CSAR) en anglais, fait partie intégrante des opérations militaires récentes: depuis le Vietnam, mais aussi durant la guerre du Golfe et en Bosnie, les pilotes qui viennent de s'éjecter peuvent compter sur une exfiltration par hélicoptère.

Cela a encore été le cas la semaine dernière en Yougoslavie, lorsque le pilote du F-117 abattu a été récupéré indemne en à peine plus de 6 heures. Une opération sans anicroche qui constitue un modèle du genre. Récit.


Choc: un avion furtif F-117 s'écrase

Samedi 27 mars 1999, 2045, commandement aérien central de l'OTAN à Vincenza. Une information stupéfiante vient de tomber: un chasseur-bombardier furtif F-117A Nighthawk s'est écrasé en Yougoslavie; dans l'heure suivante, un avion radar AWACS signale avoir reçu une communication du pilote au sol et situe son emplacement à quelque 45 kilomètres au nord-ouest de Belgrade.

Des messages d'alerte fusent aussitôt. Quelque part en Bosnie, une équipe CSAR américaine se prépare à prendre l'air; à Cervia, dans le nord de l'Italie, d'autres commandos spécialisés font de même, alors que plusieurs avions de l'OTAN décollent pour tenter de localiser précisément le pilote. Sur le porte-avions Foch, dans l'Adriatique, deux hélicoptères Super-Frelon et les équipes RESCO françaises sont mis à disposition. La course contre la montre vient de commencer.


Epave du F-117 abattu montré vers 2200 par la TV nationale yougoslave

Repérage du pilote en silence radio

Le pilote américain, dont le chasseur-bombardier a probablement été abattu par un missile sol-air SA-3, conserve le silence radio pour éviter d'être localisé par les forces serbes. Extrait de son avion touché au moyen d'une véritable capsule éjectable, il dispose d'un équipement de survie très complet - eau, nourriture, GPS, lunettes de vision nocturne, radios entre autres, ainsi qu'un signal infrarouge pouvant être vu de nuit à plusieurs kilomètres. Bien que le secteur soit plat et presque dépourvu d'arbres, il parvient ensuite à se confectionner une cachette et observe les environs.

Du côté de l'OTAN, l'opération de récupération se prépare avec hâte. Le pilote a été repéré avec précision et le secteur paraît a priori favorable, alors que des chasseurs se relaient en altitude pour dissuader les forces aériennes yougoslaves d'intervenir. Car du côté serbe on ne reste pas inactif. L'endroit où le F-117 s'est écrasé a été rapidement localisé, à 29 km au nord-ouest de Belgrade; les unités terrestres de la région partent à la recherche du pilote. Dès 2200, la télévision nationale yougoslave montre les premières images de l'épave, aussitôt diffusées sur les grands networks occidentaux.


Une chasse à l'homme manquée

Moins de trois heures après le crash, l'opération de récupération entre alors dans sa phase décisive. Une dizaine d'avions US décollent des bases aériennes alliées en Italie, des chasseurs-bombardiers F-16 équipés notamment de missiles antiradar ainsi que des avions EA-6B Prowler de guerre électronique, afin de neutraliser les défenses antiaériennes serbes. Quelques dizaines de minutes plus tard, trois hélicoptères prennent à leur tour l'air, avec à bord des équipes CSAR. Il n'est que temps.

A 0016, le pilote américain lance en effet un bref message radio: "hostiles". Des soldats yougoslaves patrouillent alentour, lourdement armés, sans détecter leur proie. La chasse à l'homme et l'imminence de sa capture est annoncée par Belgrade à 0130. Pendant ce temps, les hélicoptères - de type MH-60G Pave Hawk et MH-53J Pave Low - foncent au ras du sol à 200 km/h, alors que leur couverture aérienne et terrestre est en place.

A Washington, à plus de 8000 kilomètres des Balkans, la Maison Blanche bombarde de coups de téléphone les responsables de l'OTAN. Les images de l'épave du F-117 qui inondent tous les écrans n'incitent pas à l'optimisme. Quelques réminiscences du Vietnam flottent...


Un F-16 américain au décollage de la base aérienne d'Aviano

Exfiltration nette et sans anicroche

A 0230 environ, les commandos CSAR de l'armée de l'air US repèrent le pilote grâce à un signal lumineux et l'identifient au code secret de sa balise personnelle. Malgré la présence de soldats ennemis dans les environs, la récupération s'effectue sans ouverture du feu de part et d'autre. Le pilote est ramené à bord par treuil et les hélicoptères repartent aussi rapidement qu'ils sont venus. Un quart d'heure plus tard, ils franchissent la frontière et pénètrent en Bosnie, pour ensuite atterrir sur la base américaine de Tuzla.

Le pilote, un officier de rang intermédiaire très expérimenté souhaitant conserver l'anonymat, ne souffre que de contusions mineures consécutivement à son éjection; son attente au sol a duré moins de six heures. Transporté durant la journée à la base d'Aviano, il reprend immédiatement les vols de l'opération Allied Force. L'opération, la première du genre depuis la récupération de Scott O'Grady en Bosnie en 1995, est un succès complet.


Information: discrétion de rigueur

Nombre de détails ci-dessus n'ont pas été confirmés par l'OTAN, qui reste très discret sur le sujet pour ne pas risquer de fournir des informations à l'adversaire; ils proviennent de déclarations anonymes d'officiers supérieurs du Pentagone et du Ministère français de la Défense, reprises par des organes de presse occidentaux. Plusieurs zones d'ombres demeurent, notamment quant à l'intervention possible de troupes terrestres ou à l'ampleur de la couverture aérienne déployée.

Il n'en demeure pas moins que les unités RESCO jouent un rôle essentiel dans le cadre d'opérations aériennes. Les Etats-Unis ont ainsi déployé 150 hommes et 6 hélicoptères spécialisés dans les Balkans, alors que la France maintient en alerte plusieurs unités RESCO, à bord du Foch et à Kumanovo en Macédoine.


Plt Ludovic Monnerat






Sources

New York Times, communiqués de presse AP, AFP, Reuters, OTAN



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