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La KFOR est entrée au Kosovo pour une délicate mission de maintien de la paix

15 juin 1999


Véhicule blindé LAV-25 des Marines américains au Kosovo

78 jours d'une offensive aérienne particulièrement violente ont permis d'obtenir ce que les négociations de Rambouillet avaient en vain approché: le retrait des forces militaires et paramilitaires serbes du Kosovo et leur remplacement par une force d'interposition et de maintien de la paix internationale, la KFOR (Kosovo Force).

Par rapport à février dernier, celle-ci s'est toutefois élargie, passant de 26'000 militaires à un objectif avoué de 50'000, essentiellement fournis par les pays membres de l'OTAN. Mais sa mission, dans les décombres fumantes, les antagonismes viscéraux et les champs de mines, s'est parallèlement complexifiée.


La KFOR entre en force au Kosovo

Même si ses conséquences ne pourront être précisément mesurées qu'avec les années, l'opération Allied Force a donc permis d'amener à résipiscence le régime de Slobodan Milosevic et d'imposer la paix dans un Kosovo mis à feu et à sang depuis février 1998. Cette capitulation a entraîné l'entrée en lice de la KFOR, qui restait en attente depuis le début de l'année en Albanie et en Macédoine: le samedi 12 juin aux alentours de 0530, les avant-gardes des détachements britannique, français et allemand pénétraient au Kosovo, suivis de colonnes américaines et italiennes.

Lundi soir 14 juin, plus de 14'300 militaires de l'OTAN avaient ainsi passé la frontière, un nombre sensiblement équivalent de soldats serbes ayant dans le même temps quitté la province pour retourner en Serbie, alors que quelque 200 parachutistes russes restaient symboliquement en position sur l'aéroport de Pristina. Le chassé-croisé s'est produit sans anicroche dans la plupart des cas, les alliés faisant preuve de fermeté et mettant en avant leurs moyens lourds - chars de combat Leopard, Challenger ou Abrams, chars de grenadiers Marder, Warrior et Bradley notamment -, appuyés par des dizaines d'hélicoptères. Plusieurs incidents se sont en revanche produits entre militaires et civils serbes et population albanaise, illustrant la difficulté de la mission.


Une mission en huit éléments

Cette mission d'interposition et de maintien de la paix correspond à la résolution votée le 10 juin par le Conseil de sécurité des Nations-unies. Préparée par le G8, cette résolution articule la mission de la KFOR en huit responsabilités:

  1. dissuader une reprise des hostilités, maintenir et, si nécessaire, imposer un cessez-le-feu, s'assurer du retrait et empêcher le retour au Kosovo de forces militaires, de police et paramilitaires;
  2. démilitariser l'Armée de libération du Kosovo (UÇK) et d'autres groupes albanais du Kosovo;
  3. établir un environnement sûr dans lequel les réfugiés et personnes déplacées puissent retourner chez eux en sécurité, la présence civile internationale puisse fonctionner, une administration provisoire puisse être établie et l'aide humanitaire acheminée;
  4. garantir la sécurité et l'ordre publics jusqu'à ce que la présence civile internationale puisse assumer cette tâche;
  5. surveiller les opérations de déminage jusqu'à ce que la présence civile internationale puisse assumer cette tâche;
  6. soutenir, lorsque cela est requis, le travail de la présence civile internationale et se coordonner étroitement avec elle;
  7. surveiller les frontières si nécessaire;
  8. assurer sa propre protection et liberté de mouvement, ainsi que celles de la présence civile internationale et d'autres organisations internationales.

Chars de combat serbes sur le chemin de retour, à un checkpoint de la KFOR

Un accord militaire technique difficile

Les détails purement techniques, qui ont précédé cette résolution, ont cependant exigé plusieurs jours de palabres, sous une tente militaire à Kumanovo en Macédoine, avant d'être réglés. C'est ainsi que l'acceptation du plan de paix par Slobodan Milosevic et le parlement serbe, le 3 juin, n'a été suivie que 6 jours plus tard par un accord militaire entre officiers généraux alliés et yougoslaves.

Les principaux points de cet accord technique sont les suivants:

  • Retrait des forces terrestres yougoslaves et entrée synchronisée de la KFOR: Belgrade s'engage à un retrait par étapes de "toutes (ses) forces (terrestres) du Kosovo vers des localités en Serbie"... En se retirant, les forces yougoslaves "dégageront toutes les voies de communication en enlevant toutes les mines" et autres obstacles. "L'entrée et le déploiement des forces internationales de sécurité (KFOR) au Kosovo seront synchronisées".
  • Suspension des frappes de l'OTAN: Les "frappes aériennes de l'OTAN seront suspendues" s'il est vérifié que les forces yougoslaves situées dans la zone "trois" (dans le nord de la province) ont évacué cette zone, par des routes précises, dans les 24 heures suivant la signature de l'accord. "La suspension (des frappes) se poursuivra à condition que les clauses de cet accord soient totalement appliquées et à condition que le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte une résolution" sur le déploiement de la KFOR très rapidement pour éviter "un vide en matière de sécurité".
  • Evacuation totale des forces terrestres yougoslaves du Kosovo en 11 jours: Onze jours après la signature de l'accord, "toutes les forces (terrestres) yougoslaves devront avoir achevé leur retrait du Kosovo" et s'être repliées 5 kilomètres au-delà de la limite de la province. Auparavant, toutes les forces de Belgrade devront avoir évacué la zone "un" (sud) en six jours et la zone "deux" (centre) en neuf jours.
  • Arrêt des frappes de l'OTAN: La campagne aérienne sera définitivement terminée avec "le retrait complet des forces yougoslaves".
  • Retrait des forces aériennes et de la défense antiaérienne en trois jours: Trois jours après l'accord, tous les appareils yougoslaves, ainsi que les radars, l'intégralité des missiles sol-air et de l'artillerie antiaérienne au Kosovo, devront avoir été repliés vers la Serbie dans une zone située à 25 km au delà des limites de la province.
  • Déploiement de la KFOR: "La KFOR se déploiera et opérera sans obstacle au Kosovo et disposera de l'autorité de prendre toutes les mesures nécessaires pour établir et maintenir un environnement de sécurité pour tous les citoyens du Kosovo".
  • Définition des forces serbes: Tous les personnels de la république fédérale de Yougoslavie ayant une capacité militaire, y compris les troupes de l'armée régulière, les groupes civils armés, les associations paramilitaires, l'armée de l'air, la garde nationale, la police des frontières, les militaires de réserve, la police militaire, les services de renseignement ainsi que les personnels du ministère de l'Intérieur, les forces anti-émeute et tout autre groupe qui sera désigné par le commandant de la KFOR.

Le détachement allemand, chars Leopard en tête, sur la route de Prizren

KFOR: objectif 50'000 hommes

Lors de la signature de l'accord technique, la KFOR disposait d'environ 20'000 hommes pouvant être déployés à bref délai, en Macédoine, en Albanie ainsi que sur les navires appartenant au corps américain des Marines. L'objectif de la force internationale consiste toutefois à atteindre le total de 50'000 hommes, en s'appuyant bien entendu sur les contingents fournis par les membres de l'OTAN, mais en faisant également appel à des pays prêts à jouer le rôle de partenaire sous un commandement unitaire. La Suisse a d'ailleurs été approchée dans cette perspective, sans encore donner de réponse.

Les contingents pour l'heure annoncés comme étant attribués à la KFOR s'articulent ainsi:

Membres de l'OTAN: Grande-Bretagne 12'000 hommes, Allemagne 8500, Etats-Unis 7000, France 7000, Italie 5000, Pays-Bas 2050, Canada 1300, Espagne 1200, Norvège 1200, Belgique 1100, Grèce 1000, Turquie 1000, Danemark 850, Pologne 800, Hongrie 350, Portugal 290, République tchèque 150.

Pays partenaires: Ukraine 1300 hommes, Finlande 800, Suède 800, Autriche 450, Roumanie 250, Bulgarie plusieurs dizaines, Lituanie 30 hommes, Slovaquie, Slovénie, Estonie, Lettonie et Macédoine (qui aura un rôle d'observateur et servira de base arrière à la KFOR).

Autres: La Russie pourrait fournir de 2000 à 10'000 hommes, selon des modalités qui sont en cours de négociations avec l'OTAN.


Durée de l'engagement: "open ended"

Naturellement, nombre d'incertitudes pèsent sur le devenir de la KFOR. C'est ainsi qu'une majorité d'analystes parlent d'une mission "open ended", c'est-à-dire sans terme fixé; on tire en cela les enseignements de l'IFOR en Bosnie, qui en 1995 voyait 60'000 hommes être en principe engagés pour 18 mois au maximum, alors qu'à mi-1999 la SFOR est toujours en place avec 30'000 militaires.

L'exode actuel des Serbes du Kosovo et le retour annoncé des réfugiés kosovars albanais semblent pourtant dans une large mesure rendre une solution négociée comme seule à même d'apaiser les antagonismes respectifs.


Plt Ludovic Monnerat






Sources

Communiqués de presse OTAN, dépêches d'agence AFP, AP et Reuters





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