L'essentiel de l'actualité militaire







L'essentiel des liens militaires


Documents militaires


Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

L'opération "Enduring Freedom" mobilise des moyens conjuguant puissance et flexibilité

21 octobre 2001 (post scriptum 28 décembre 2001)


Opération Enduring Freedom: croiseur lance-missiles USD

epuis le 7 octobre dernier, les images verdâtres de raids aériens nocturnes sont de retour sur les petits écrans. Mais cette similitude apparente avec les guerres technologiques des années 90 cache l'engagement de moyens dont la puissance et la flexibilité rendent possible le déclenchement d'actions à la fois ciblées et multiples. Tour d'horizon.

L'opération "Enduring Freedom", à laquelle participe une vaste coalition de nations s'opposant au terrorisme fondamentaliste international, a vu ses premiers déploiements s'accomplir dans le plus grand secret moins d'une semaine après les attentats du 11 septembre. Aujourd'hui, après 14 jours de raids aériens et d'actions terrestres, il est opportun de cerner l'éventail des moyens engagés dans le théâtre d'opérations afghan.

«... La nature même des actions entreprises et des formations engagées, ainsi que la menace de la réaction terroriste, nécessitent une sécurité opérationnelle maximale. »
«... La nature même des actions entreprises et des formations engagées, ainsi que la menace de la réaction terroriste, nécessitent une sécurité opérationnelle maximale. »

Trois difficultés majeures empêchent l'établissement d'un ordre de bataille complet et précis à partir de sources ouvertes. Premièrement, la nature même des actions entreprises et des formations engagées, ainsi que la menace de la réaction terroriste, nécessitent une sécurité opérationnelle maximale. Deuxièmement, la circulation limitée des médias au sein du théâtre d'opérations est encore renforcée par la sensibilité de certaines populations locales à l'utilisation d'infrastructures nationales par la coalition occidentale. Troisièmement, le voisinage de l'exercice coalisé "Saif Sareea II" au sultanat d'Oman et des moyens déployés en permanence au Moyen-Orient fournit une couverture, potentielle ou effective, qui complique encore l'évaluation des déploiements.

Entre informations officielles, médiatisations partielles, témoignages locaux et déductions logiques, il est toutefois possible de produire une estimation raisonnable. Pour autant, il convient de distinguer les moyens effectivement déployés à ce jour et les moyens affectés mais pas encore disponibles.


Les moyens effectivement déployés pour l'opération

A l'heure actuelle, on peut estimer que 50'000 hommes dont 6000 combattants terrestres, 600 avions et hélicoptères, ainsi que 50 navires sont concrètement engagés dans l'opération "Enduring Freedom", avant tout fournis par les quatre services des Forces armées américaines. C'est dans l'ordre leurs composantes navales, aériennes et terrestres qu'il s'agit d'estimer.


Opération Enduring Freedom: navires de soutien US

La composante navale

L'effort principal de l'opération est pour l'heure assuré par l'US Navy, qui avec l'US Marine Corps a déployé 4 groupes aéronavals et 2 groupes amphibies :

  • Le groupe aéronaval Carl Vinson, comprenant 1 porte-avions nucléaire, 2 croiseurs lance-missiles, 1 destroyer, 1 frégate, 1 navire de soutien et 2 sous-marins d'attaque, renforcé par le groupe amphibie Peleliu, comprenant 1 plate-forme d'assaut aérien et 2 navires de transport et de débarquement avec à bord la 15th Marine Expeditionary Unit (capable d'opérations spéciales) ;


  • Le groupe aéronaval Theodore Roosevelt, comprenant 1 porte-avions nucléaire, 2 croiseurs lance-missiles, 4 destroyers, 1 frégate, 1 navire de soutien et 2 sous-marins d'attaque, renforcé par le groupe amphibie Bataan, comprenant 1 plate-forme d'assaut aérien et 2 navires de transport et de débarquement avec à bord la 26th Marine Expeditionary Unit (capable d'opérations spéciales) ;


  • Le groupe aéronaval Enterprise, comprenant 1 porte-avions nucléaire, 2 croiseurs lance-missiles, 5 destroyers, 1 frégate, 1 navire de soutien et 2 sous-marins d'attaque ;


  • Le groupe aéronaval Kitty Hawk, comprenant 1 porte-avions et 2 croiseurs lance-missiles, avec probablement 2-3 destroyers/frégates, 1 navire de soutien et 1 sous-marin d'attaque.

Au total, avec le renfort déjà déployé de 3 sous-marins d'attaque britanniques et 1 frégate australienne, le golfe Persique et l'océan Indien abritent une armada de 4 grands et 2 petits porte-avions, 8 croiseurs, environ 16 destroyers et frégates, environ 10 sous-marins d'attaque et au moins 9 navires de soutien et d'appui. Il s'agit toutefois de noter que le groupe Enterprise est parvenu au terme de son déploiement et pourrait quitter rapidement le théâtre d'opérations.


Opération Enduring Freedom: F/A-18 US

La composante aérienne

La majorité des appareils engagés dans le théâtre d'opérations relèvent des groupes aéronavals, dont la composition est connue avec une certitude suffisante, bien que le porte-avions Kitty Hawk a été dépouillé de l'essentiel de ses voilures fixes et que des F/A-18 des Marines opèrent sur les autres porte-avions. Les USA devraient ainsi avoir à disposition les moyens aéronavals suivants :

  • 3 escadrilles de chasseurs-bombardiers F-14 Tomcat, soit environ 30 appareils ;


  • 10 escadrilles de chasseurs-bombardiers F/A-18 Hornet, soit environ 120 appareils ;


  • 3 escadrilles d'avions de guerre électronique EA-6B Prowler, soit au moins 12 appareils ;


  • 3 escadrilles d'avions de lutte anti-sous-marine S-3B Viking, soit environ 24 appareils ;


  • 3 escadrilles d'avions de surveillance aérienne E-2C Hawkeye, soit environ 12 appareils ;


  • 2 escadrilles de chasseurs-bombardiers AV-8 Harrier, soit environ 12 appareils ;


  • 2-4 escadrilles d'hélicoptères de combat AH-1W Super Cobra, soit 12 à 24 appareils ;


  • Au moins 12 avions de transport C-2 Greyhound, 40 hélicoptères polyvalents SH-60 Seahawk et 40 hélicoptères de transport CH-46 Sea Knight.

 

Opération Enduring Freedom: B-2 US

Mais l'US Air Force est bien entendu également active. Dans les 10 derniers jours du mois de septembre, ce sont ainsi entre 100 et 150 avions qui ont été déployés, à partir du territoire national ou de bases en Europe, sur des aérodromes situés en marge du théâtre d'opérations, principalement en Ouzbékistan, au Pakistan, dans le sultanat d'Oman et sur l'île de Diego Garcia. En débit du manque d'informations disponibles, les moyens suivants devraient être disponibles :

  • 1 escadrille de bombardiers furtifs lourds B-2 Spirit, basée à Whiteman dans le Missouri, soit 3 à 6 appareils ;


  • 1 escadrille de bombardiers supersoniques B-1B Lancer basée à Diego Garcia, soit 3 à 6 appareils ;


  • 2 escadrilles de bombardiers lourds B-52H Stratofortress basées à Diego Garcia, soit 12 à 15 appareils ;


  • 2 escadrilles d'avions de suppression des défenses antiaériennes F-16C/J Fighting Falcon, l'une basée au Koweït et l'autre en Ouzbékistan, soit environ 16 appareils ;


  • 2-3 escadrilles de chasseurs-bombardiers F-15C Eagle et F-15E Strike Eagle, basées notamment à Oman et en Ouzbékistan, soit 30 à 45 appareils ;


  • 2-3 escadrilles de chasseurs-bombardiers F-16C Fighting Falcon, basées notamment à Oman et en Ouzbékistan, soit 30 à 45 appareils ;


  • 6-8 escadrilles d'avions-ravitailleurs KC-10 Extender et KC-135 Stratotanker, basées surtout à Oman, à Diego Garcia, en Ouzbékistan, en Turquie et en Europe, soit 50 à 70 appareils ;


  • 1-2 escadrilles d'avions de surveillance aérienne E-3 Sentry, basées sur la péninsule arabique, soit 4 à 8 appareils ;


  • 1 escadrille d'avions de surveillance terrestre E-8 JSTARS, soit 2 à 3 appareils ;


  • Au moins 1 escadrille d'avions de transport lourds C-17 Globemaster, basée en Allemagne et utilisée pour le largage de denrées alimentaires, soit 4+ appareils ;


  • Au moins 2 escadrilles d'avions de transport moyens C-130 Hercules, basées notamment au Pakistan, soit 16+ appareils ;


  • Des éléments des forces spéciales de l'US Air Force, comprenant au moins 4 gunships AC-130U Spooky, 4 avions de transport moyens MC-130 Hercules et 2 avions de guerre psychologique EC-130 Commando Solo.

Des moyens aériens issus de l'US Army sont également engagés. Il s'agit en particulier de 3 bataillons du 160th Special Operations Aviation Regiment, probablement basés sur le porte-avions Kitty Hawk et rassemblant au moins 40 hélicoptères de transport MH-60 Pave Hawk et MH-47E Chinook, mais également d'au moins 1 escadrille d'hélicoptère de combat AH-64 Apache basée en Ouzbékistan Enfin, il faut relever la participation effective d'un contingent britannique rassemblant 4 à 6 ravitailleurs Tristar et VC-10 basés à Bahrein surtout, 2 à 3 avions de surveillance aérienne E-3D AWACS, ainsi que 2 à 3 avions de reconnaissance Canberra PR9 et Nimrod R1.


Opération Enduring Freedom: SEALs US

La composante terrestre

Dans la mesure où la majorité des troupes terrestres déployés pour l'opération "Enduring Freedom" sont des forces spéciales ou capables d'opérations spéciales, la confidentialité entourant leurs moyens et leurs missions rend encore plus complexe leur évaluation. Le peu d'informations disponibles et l'absence de toute confirmation nous rapprochent de la conjecture. Néanmoins, les éléments connus rendent probable le déploiement suivant :

  • 2 unités expéditionnaires amphibies capables d'opérations spéciales du Marine Corps, à bord des groupes aéronavals Peleliu (15th) et Bataan (26th), rassemblant chacune 1500 hommes ;


  • 1 bataillon renforcé de la 10th Mountain Infantry Division (US Army) déployé en Ouzbékistan et rassemblant 1000 hommes ;


  • environ 2 bataillons de forces spéciales de l'US Army, provenant des 1st et 5th Special Forces Group, déployé en Ouzbékistan et rassemblant au moins 500 hommes ;


  • au moins 1 bataillon de Rangers du 75th Ranger Regiment (US Army), probablement déployé sur le Kitty Hawk, et rassemblant 600+ hommes ;


  • des éléments de reconnaissance en profondeur issus des divisions aéroportées de l'US Army, 82th Airborne et 101st Air Assault, rassemblant au moins 100 hommes ;


  • des éléments du détachement Delta (US Army), des SEALs (US Navy), du 22nd Special Air Service (Grande-Bretagne) et probablement du 13e Régiment de Dragons Parachutistes (France), déjà actifs en Afghanistan, stationnés en bordure ou sur des porte-avions, et rassemblant au moins 300 hommes.

 


Les moyens probablement affectés à l'opération

Opération Enduring Freedom: Predator US armé de Hellfire

Même si les premières actions terrestres d'envergure ont été déclenchées voici 2 jours, il est probable qu'un renforcement des moyens – notamment terrestres – aura lieu. L'engagement de plusieurs membres de la coalition à affecter des renforts déployés d'ici la mi-novembre suggèrent une action à plus long terme, y compris en-dehors de l'Afghanistan. Dans ce cadre, les moyens suivants sont en cours de déploiement :

  • Australie: 2 frégates, 1 navire de commandement amphibie, 4 chasseurs-bombardiers F/A-18 Hornet, 2 avions de ravitaillement B-707, 2 avions de surveillance maritime P-3 Orion, ainsi que 150 membres du SAS australien – en tout 1500 hommes ;


  • Canada: 1 destroyer, 3 frégates, 1 navire de soutien, 3 avions de transport moyens C-130 Hercules, 2 avions de surveillance maritime Aurora, et un détachement de la Force opérationnelle interarmées 2 – en tout 2000 hommes ;


  • Etats-Unis: aucun autre déploiement n'a été officiellement annoncé, même s'il est probable que des chasseurs-bombardiers furtifs F-117 soient affectés à l'opération. Plusieurs unités, dont les deux divisions aéroportées aux USA, sont en alerte. Mais les moyens aériens déjà stationnés dans le Golfe pourraient rapidement renforcer l'armada – soit environ 70 chasseurs-bombardiers, 10 avions de guerre électronique, 10 avions de surveillance et 40 ravitailleurs ;


  • France: 1 frégate et 1 navire de soutien présents dans l'océan Indien devraient rejoindre la coalition. Mais la base de Djibouti et des Mirage 2000 récemment transférés ainsi que des Mirage IVP de reconnaissance pourraient également être employés, alors que plusieurs unités subordonnées au Commandement des opérations spéciales (COS) sont susceptibles d'être engagées ;


  • Grande-Bretagne: l'exercice "Saif Sareea II" voit le plus grand déploiement de forces britanniques depuis la guerre du Golfe. Sur le plan naval, l'affectation d'un groupe aéronaval centré autour du porte-avions Illustrious et de plusieurs destroyers et frégates est possible, ce qui impliquerait un renfort de 15 Harriers – sans compter les forces stationnées dans le Golfe, dont 14 Tornados et 4 Jaguars. Mais l'engagement d'un groupe amphibie comprenant un porte-hélicoptères et un navire d'assaut, jusqu'à 35 hélicoptères, 2 bataillons des Royal Marines, le Squadron G du 22nd SAS et les éléments spécialisés en montagne du Special Boat Service (SBS), est plus probable encore ;


  • Nouvelle-Zélande: des éléments des forces spéciales terrestres devraient être affectés à la coalition, même si une décision initiale du Gouvernement allant dans ce sens a été contrée par l'opposition.

 

Au total, les forces dont la coalition pourrait disposer à la mi-novembre, dans le cas d'un renforcement constant des moyens, pourraient par conséquent s'élever à 75'000 hommes dont 10'000 combattants terrestres, 800 avions et hélicoptères, ainsi que 70 navires. En matière de puissance aérienne, cela représenterait moins de 60% des moyens engagés par l'OTAN au terme de la guerre du Kosovo. Naturellement, ces chiffres sont soumis à l'imprécision due à la pauvreté des renseignements disponibles et aux décisions qui sont actuellement prises. Mais l'articulation qu'ils déterminent montre surtout que la coalition peut rassembler une force suffisante, sur le plan qualitatif et quantitatif, pour engager des actions aéroterrestres décisives en matière de renseignement, de neutralisation et de destruction.




Cap Ludovic Monnerat    




Post scriptum

Un peu plus de 2 mois après la publication de cette estimation, et alors que les opérations militaires en Afghanistan ont nettement perdu en intensité, il est possible d'évaluer les éléments présentés ci-dessus. Dans l'ensemble, et sans forfanterie, l'évaluation correspondait aux moyens effectivement déployés mi-octobre – et que seuls le retrait ou la couverture médiatique ont permis par la suite de dénombrer. Un certain nombre de précisions et de corrections peuvent néanmoins être apportées aujourd'hui:

  • Comme mentionné, le groupe aéronaval Entreprise a quitté le théâtre d'opérations au 1er novembre. Le groupe Kitty Hawk en a fait de même un mois plus tard, tout comme le groupe Theodore Roosevelt, qui a toutefois été remplacé par le groupe John Stennis, de composition similaire. Le déploiement du porte-avions nucléaire français Charles-de-Gaulle et du porte-avions italien Garibaldi a cependant été décidé dans l'intervalle ;


  • Au niveau des moyens aériens US, il faut relever que les S-3B Viking sont avant tout utilisés comme avions de ravitaillement, ce que l'éloignement des cibles a rendu indispensable. Par ailleurs, les B-2 n'ont été employés qu'au début de l'opération et les F-117 n'ont jamais été déployés. Enfin, l'estimation des bombardiers lourds à Diego Garcia a sous-estimé de quelques unités les B-1 au profit des B-52, alors que c'est probablement une dizaine de gunships AC-130 qui ont été engagés ;


  • Au sujet des forces terrestres, il faut relever que l'engagement d'éléments de reconnaissance provenant des divisions aéromobiles US n'a jamais été confirmé, ce qui permet de fortement douter quant à la véracité de cette assertion. En revanche, malgré l'absence tout aussi frappante de confirmation, nous restons persuadés du déploiement de forces spéciales françaises en Afghanistan, probablement en très petit nombre et sous la direction de la DGSE.





Sources

Communiqués DefenseLink; documents GlobalSecurity.org et Order of Battle; dépêches, articles et émissions BBC, CNN, The Telegraph, Washington Post, Le Monde, AP, AFP et Reuters.






Haut de page

Première page





© 2001 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur