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Les attentats de Bali rappellent que le terrorisme menace la stabilité de l'Indonésie

13 octobre 2002


Attentat à BaliL

es attentats presque simultanés ayant frappé l'île de Bali ont fait au moins 187 morts et 350 blessés. Une fois encore, de nombreux touristes occidentaux subissent la haine des terroristes et sont utilisés pour déstabiliser un gouvernement national. Analyse à chaud.

Samedi 12 octobre, peu avant minuit, trois explosions se faisaient entendre au sud de l'île indonésienne de Bali : les deux premiers presque simultanément devant deux night club de la ville de Kuta (le Paddies Irish Pub et le Sari Club, ce dernier exclusivement réservé aux étrangers), une troisième à une cinquantaine de mètres du Consulat honoraire américain basé à Sanur. Les explosions devant les discothèques ont laissé des cratères de près de deux mètres de diamètre. Le bruit de la déflagration s'est fait entendre jusqu'à douze kilomètres de là.

«... Les explosions ont laissé des cratères de près de 2 mètres de diamètre, et leur bruit s'est fait entendre jusqu'à 12 kilomètres de là. »
«... Les explosions ont laissé des cratères de près de 2 mètres de diamètre, et leur bruit s'est fait entendre jusqu'à 12 kilomètres de là. »

Aux dernières nouvelles, le bilan fait état de 187 morts et près de 310 blessés ; parmi les victimes, un grand nombre de touristes australiens, américains et allemands, mais aussi quelques Français, une Suissesse et de nombreux Indonésiens. D'après les premiers éléments de l'enquête, les bombes étaient dissimulées à l'intérieur de véhicules. Il s'agit, aux dires mêmes du Chef de la Police indonésienne, le Général Dai Bachtiar, du plus grave attentat jamais commis dans l'histoire indonésienne.


Aucune revendication

Jusqu'à présent, ces attentats n'ont pas été revendiqués. A Jakarta, le lendemain des explosions, la Présidente Megawati Sukarnoputri condamnait vivement cet acte de violence. Les autorités compétentes travaillent dur pour capturer les auteurs des attentats et les mener devant la justice, déclarait-elle avant de décider de se rendre sur les lieux des attentats, en compagnie du Chef d'Etat-Major des Armées, le Général Endriartono Sutarto, du Ministre Coordinateur des affaires de sécurité, Susilo Bambang Yudhoyono et du Ministre des affaires Etrangères, Hassan Wirayudha. Le Chef de la Police de Bali, le Brigadier-Général Budi Setyawan, faisait le serment de démissionner si dans le mois qui suit les coupables ne sont pas découverts.

Indonésie, Présidente Sukarnoputri

Les premiers à avoir réagi furent les Australiens, qui envoyèrent un Hercules C-130 de la Royal Australian Air Force sur place avec sept médecins et chirurgiens, ainsi que des infirmières. En annonçant devant la presse les mesures prises, le Premier Ministre australien John Howard n'a pas manqué de souligner la brutalité et la barbarie de ces actes, et de préciser que demande avait été faite aux autorités indonésiennes d'envoyer en renfort sur place des enquêteurs relevant de la Police Fédérale australienne ainsi que des membres de l'ASIO, les services spéciaux de ce pays (l'Australian Secret Intelligence Organization). La ville australienne de Perth n'étant pas loin, beaucoup d'Australiens se rendent à Bali, comme d'autres habitants de l'Australie occidentale.

«... Ces attentats n'ont fait que renforcer l'idée américaine selon laquelle l'Indonésie était le maillon faible dans la lutte des Etats-Unis contre le terrorisme. »
«... Ces attentats n'ont fait que renforcer l'idée américaine selon laquelle l'Indonésie était le maillon faible dans la lutte des Etats-Unis contre le terrorisme. »

De son côté, le Gouvernement américain condamnait de la manière la plus ferme "ces méprisables actes de terreur", ajoutant "qu'aucune cause ou aspiration ne pouvaient justifier la morts d'innocents". Ces attentats n'ont fait que renforcer l'idée américaine selon laquelle l'Indonésie était "le maillon faible dans la lutte des Etats-Unis contre le terrorisme". Rappelons que l'Asie du Sud-Est en est "le second front " après les attentats du 11 septembre 2001 sur New York et Washington.

Bali est une île hindouiste au sein de l'archipel indonésien majoritairement musulman ; elle a toujours été une destination prisée des touristes, et est considérée comme un petit paradis. Ce n'est pas moins d'un million et demi de vacanciers qui se rendent chaque année sur cette île. Malheureusement, ces vingt dernières années surtout, cet afflux d'étrangers issus pour un grand nombre d'entre eux de la culture "surf, sex and drugs", sans éducation ni morale, a fait se développer sur la petite île le marché des psychotropes et du sexe. Ce genre de touristes, leurs attitudes et tenues vestimentaires sont souvent critiqués à juste titre par un nombre de plus en plus croissant d'indonésiens quel que soit leur religion. Néanmoins, ceci ne peut en aucun cas justifier les attentats commis.


Deux principaux suspects

La recherche des responsables commence, mais déjà les regards se tournent vers les mouvements islamistes radicaux de l'archipel indonésien. Deux seulement sont en mesure d'agir aussi violemment : le Laskar Jihad et le Jemaah Islamiyah. Le premier s'est illustré de manière sanglante lors du conflit des Moluques (entre 1999 et 2001) entre des chrétiens moluquois et des musulmans pour la plupart issus d'autres régions (Célèbes du Sud et Java), conflit qui a causé entre 6000 et 12'000 morts. Toutefois, il est peu probable qu'il s'agisse du Laskar Jihad dans le cas des attentats de Bali ; en effet, la cible ne correspond en rien à celles habituellement choisies par le chef de ce mouvement salafiste, Jaffar Umar Thalib. Les buts et les objectifs de ce mouvements sont purement locaux, alors que les attentats du 12 octobre à Bali ont bel et bien une dimension internationale.

C'est pourquoi les critiques se portent plutôt vers le Jemaah Islamiyah, un mouvement transnational, présent tant en Malaisie qu'à Singapour ou encore au sud des Philippines (Mindanao), et dirigé en Indonésie par le religieux Abu Bakar Basyir. Parmi ceux qui aurait pu aider ces terroristes, on peut trouver une certaine frange de l'armée indonésienne (TNI), comme cela s'est passé durant le conflit des Moluques. Des attentats, des troubles, des affrontements, cela ne peut que susciter une impérieuse augmentation des budgets ainsi qu'un accroissement des pouvoirs attribués par l'Etat à cette institution.

Quoi qu'il en soit, ce qu'il faut tout de même remarquer ces dernières semaines en Indonésie, c'est une action plus ferme menée par le Gouvernement de Megawati à l'encontre de certains groupuscules islamistes comme le Front des Défenseurs de l'Islam (FPI) et contre quelques acteurs du Laskar Jihad ; ces derniers sont soit sous les verrous, soit en attente de jugement. Néanmoins, le Jemaah Islamiyah n'a jusqu'à présent jamais été inquiété, alors que ses buts sont connus (établissement d'un Etat islamique regroupant les pays d'Asie du sud-Est) et ses dirigeants clairement identifiés (Basyir, Mudzakir, etc.).

On est en droit d'attendre dans les semaines qui suivent une action ferme et tangible du Gouvernement indonésien à l'encontre de ce mouvement de prédication et de combat, tout comme la poursuite des actions menées contre les deux autres groupes islamistes. C'est à ce seul prix que la crédibilité du Gouvernement de Megawati Sukarnoputri pourra être retrouvée tant à l'extérieur qu'à l'intérieur du plus grand pays musulman du monde. La minorité islamiste radicale ne doit pas trouver un havre de paix dans l'archipel indonésien, et c'est ce qui est attendu principalement non seulement par les pays d'où sont issues les victimes des attentats, mais également par les Etats de la région.




Philippe Raggi    
(Rewriting: Cap Ludovic Monnerat)
    









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