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Les contes du tyran: un portrait de Saddam Hussein (4ème et dernière partie)

12 avril 2003

Saddam HusseinP

our essayer de comprendre les actions et réactions irakiennes durant le conflit actuel, il est indispensable de s'intéresser à l'homme qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 24 ans. Le journaliste et écrivain Mark Bowden a établi l'an dernier une description remarquable de Saddam Hussein, dont voici la dernière partie - Qaswah (Cruauté).

"L'inondation a atteint son sommet et après la destruction, la terreur, le meurtre et le sacrilège pratiqués par l'entité sioniste agressive, terroriste et criminelle, liée à son allié tyrannique, les USA, ont été stoppés par nos frères et notre loyal peuple luttant dans la Palestine pillée. Si le diable accomplit ses objectifs ici, qu'à Dieu (Allah) ne garde, sa gloutonnerie augmentera sans fin et affligera notre peuple ainsi que d'autres parties de notre vaste patrie."

-- Saddam Hussein, dans un discours télévisé au peuple irakien, le 15 décembre 2001


«... La cruauté est l'art du tyran. Il l'étudie et il l'adopte. Il n'ordonne pas seulement des actes de cruauté, mais aussi des spectacles cruels. »


"Tous les gens du service reçurent l'ordre d'assister à la pendaison" dit l'ancien fonctionnaire, qui vit maintenant à Londres. "Je décidai de ne pas y aller, mais mes amis eurent vent de mes plans. Ils m'appelèrent, insistant pour que je change ma décision, m'avertissant que mon refus provoquerait la suspicion envers moi." Aussi alla-t-il. Lui et les autres de son bureau furent conduits dans la cour de la prison, où ils virent leurs collègues et amis, avec qui ils avaient travaillé pendant des années, dont les enfants avaient joué avec leurs enfants, avec qui ils étaient allés à des fêtez, des pique-nique, sortir avec des sacs enveloppant leur tête. Ils regardèrent et écoutèrent les accusés implorer, pleurer et protester de leur innocence de l'intérieur des sacs. Ils furent pendus un à un.

Le fonctionnaire décida alors de quitter l'Irak. "Je ne pouvais plus vivre dans un pays où se passent de telles choses", dit-il. "C'est mal d'accepter d'être corrompu, et ceux qui l'étaient devaient être emprisonnés. Mais les pendre? Et ordonner à leurs amis et collègues de venir regarder? Quiconque a été témoin d'une telle cruauté ne peut volontairement rester et continuer à travailler dans de telles conditions."



La cruauté soutient la force

La cruauté est l'art du tyran. Il l'étudie et il l'adopte. Son règne est basé sur la peur, mais la peur n'est pas suffisante pour stopper tout le monde. Quelques hommes et femmes ont un grand courage. Ils sont prêts à risquer la mort pour s'opposer à lui. Le tyran a toutefois a ses moyens pour contrer même ceux-ci. Parmi ceux qui ne craignent pas la mort, il en est qui craignent la torture, la disgrâce, l'humiliation. Et même ceux qui ne craignent pas ces choses peuvent craindre pour leurs parents, frères, sœurs, épouses et enfants. Le tyran utilise tous ces moyens. Il n'ordonne pas seulement des actes de cruauté, mais aussi des spectacles cruels. C'est ainsi que Saddam fit pendre les 14 accusés de sionisme en 1969 sur la place publique, et laissa les corps pendus en évidence. Ainsi Saddam enregistra sur bandes vidéos la purge de la salle de conférence de Bagdad et envoya des copies de ces bandes aux membres de son organisation dans tout le pays. Ainsi des grands leaders du parti furent obligés d'être témoins et même de participer aux exécutions de leurs collègues.

Quand Saddam prit des mesures contre les clercs chi'ites, il exécuta non seulement les mollahs mais également leurs familles. Souffrances, humiliations et mort devinrent un théâtre public. Finalement, culpabilité ou innocence importent peu, parce qu'il n'y a ni loi, ni valeur au-delà de la volonté du tyran: il suffit qu'il veuille arrêter quelqu'un, le torturer, l'éprouver et l'exécuter. Cette pratique ne sert pas seulement d'avertissement, de punition ou de purge mais aussi à prévenir ses sujets, ses ennemis et ses rivaux potentiels qu'il est fort. La compassion, l'équité, le respect des voies légales sont des signes d'indécision. Et être indécis c'est être faible. La cruauté soutient la force.

Chez les Zoulous on dit que les tyrans sont "pleins de sang". Selon une estimation, durant la troisième et la quatrième année du règne formel de Saddam (1981 et 1982) plus de 3000 Irakiens furent exécutés. Les horreurs commises par Saddam durant les trente années de son règne formel mériteront un jour un musée et des archives. Mais, cachés parmi ses atrocités les plus horribles, il y a quelques petits actes qui illustrent sa personnalité.

Taher Yahya était Premier Ministre d'Irak quand le parti Ba'as prit le pouvoir en 1968. On rapporte qu'en 1964, quand Saddam était en prison, Yahya avait arrangé une réunion personnelle avec lui et avait essayé de le forcer à se retourner contre les baasistes et à coopérer avec le régime. Yahya avait été officier dans l'armée pendant toute sa vie adulte, et il avait été une fois l'un des membres éminents du parti Baas, l'un des supérieurs de Saddam. Mais il avait encouru le mépris durable de Saddam. Après sa prise de pouvoir, Saddam fit enfermer Yahya en prison, un homme éduqué dont il n'aimait pas la sophistication. Sur ses ordres, Yahya reçu l'ordre de pousser une brouette de cellule en cellule, collectant les seaux hygiéniques des prisonniers. Il devait crier "Ordures! Ordures!" L'humiliation de l'ancien Premier Ministre réjouissait Saddam jusqu'au jour où Yahya mourut en prison. Il aime toujours raconter l'histoire, ricanant aux mots "Ordures! Ordures!".

Dans un autre cas, le Général de Brigade Omar al-Hazzaa fut surpris à dire du mal du Grand Oncle en 1990. Il ne fut pas simplement condamné à mort. Saddam ordonna qu'avant son exécution il eut la langue coupée et, pour faire bonne mesure, il exécuta aussi le fils d'al-Hazzaa, Farouk. Les maisons d'al-Hazzaa furent rasées et sa femme et ses enfants laissés dans la rue.

Saddam est réaliste concernant les représailles brutales qui seront déclenchées s'il venait à perdre son pouvoir. Dans leur livre "Hors des cendres" (1999), Andrew et Patrick Cockburn parlent d'une famille qui se plaignit à Saddam qu'un de leurs membres avait été injustement exécuté. Il ne s'excusa pas et leur dit: "Ne pensez pas que vous pourrez vous venger. Si jamais la chance vous en est donnée, au moment où vous nous atteindrez il ne restera pas un brin de chair sur nos corps." En d'autres termes, s'il devenait jamais vulnérable, ses ennemis le dévoreraient rapidement.

Même si Saddam a raison de penser que la grandeur est sa destinée, sa légende sera empreinte de cruauté. C'est quelque chose qu'il trouve peut-être regrettable mais nécessaire, ce trait de caractère éclairant sa stature. Un homme plus faible n'en aurait pas le courage. Son fils Uday se vanta une fois que dans leur enfance, lui et son frère Qusay, furent amenés à la prison par leur père pour être témoins de torture et d'exécutions, pour qu'ils fassent front à leurs "futures tâches difficiles", dit-il. Cependant aucun homme n'est monolithique. On sait que même Saddam s'est affligé de ses excès.

Certains qui le virent pleurer au pupitre durant sa purge de 1979 considèrent cela comme une comédie, mais Saddam avait déjà précédemment fondu en larmes. Durant la vague d'exécutions qui suivit sa prise formelle de pouvoir, selon la biographie écrite par Saïd Aburish, il s'enferma dans sa chambre à coucher pendant deux jours et en émergea avec les yeux rouges d'avoir pleuré. Aburish raconte que Saddam fit alors des condoléances impudentes mais sincères à la famille de Adnan Hamdani, le dignitaire qui avait été le plus proche de lui pendant la décennie précédente. Il n'exprima pas de remords, l'exécution avait été nécessaire, mais de la tristesse. Il dit à la femme de Hamdani en s'excusant, que des "considérations nationales" doivent prévaloir sur les considérations personnelles. Ainsi, à l'occasion, l'homme Saddam déplore ce que le tyran Saddam doit faire. Durant la guerre civile, Abraham Lincoln fit une distinction tranchée entre ce qu'il ferait personnellement, abolir l'esclavage, et ce que sa responsabilité exigeait de lui: maintenir la Constitution des Etats-Unis. Saddam ne devrait ressentir aucun conflit de ce genre; par définition les intérêts de l'état sont les siens propres. Mais il les ressent néanmoins.



Uday, le fils ivrogne et fou

Le conflit entre ses priorités personnelles et ses priorités en tant que Président a été particulièrement douloureux dans sa propre famille. Deux de ses gendres, les frères Saddam et Hussein Kamel s'enfuirent en Jordanie et révélèrent des secrets d'état, concernant les programmes d'armes nucléaires, chimiques et biologiques, avant de revenir en Irak de façon inexplicable, puis y être mis à mort.

Uday Hussein, le fils aîné de Saddam, est connu pour être, selon tous les témoignages, un criminel sadique, sinon complètement fou. C'est un homme grand, brun, bien bâti, âgé de 37 ans qui, par son narcissisme et son obstination, est presque la caricature de son père. Uday a tous les instincts brutaux de son père et, apparemment, rien de sa discipline. Il est un ivrogne notoire, et connu pour dessiner lui-même sa garderobe fantaisiste. Des photographies le montrent portant d'énormes nœuds papillons et des costumes dont les couleurs s'harmonisent avec celles de ses voitures luxueuses, dont une d'un rouge éclatant striée de blanc et une autre moitié rouge et moitié blanche. Certaines de ses vestes ont un revers d'un côté mais pas de l'autre.

Ismail Hussain, le malheureux soldat irakien qui perdit une jambe dans le désert koweïtien, attira l'attention d'Uday comme chanteur après la guerre. Il devint l'artiste préféré du Premier Fils et fut invité à chanter lors des fêtes énormes que Uday organisait chaque lundi et mardi. Les fêtes se tenaient dans un palais, que Saddam avait construit sur une île du Tigre près de Bagdad. L'opulence était époustouflante. Toutes les poignées de porte et robinetteries du palais étaient en or.

"Durant les réceptions", dit Ismail, qui vit maintenant à Toronto, "je chantais et Uday montait sur la scène avec une mitraillette et commençait à tirer au plafond. Tout le monde se jetait à terre, terrorisé. J'avais l'habitude d'être au milieu d'armes, bien plus grandes que la kalashnikov de Uday, aussi je continuais à chanter. Parfois, durant ces réceptions il y avait des douzaines de femmes et seulement cinq ou six hommes. Uday insistait pour que chacun s'enivre avec lui. Il interrompait ma prestation, montait sur la scène avec un grand verre de cognac pour lui et un autre pour moi. Il insistait pour que je le boive entièrement avec lui. Ce n'est qu'après qu'il soit complètement saoul qu'apparaissaient les armes. Il terrifiait ses amis, parce qu'il pouvait les faire emprisonner ou tuer. Je l'ai vu une fois se mettre en colère contre un de ses amis. Il lui donna un coup de pied au cul si violent que sa botte s'envola. L'homme courut pour retrouver la botte, puis la remit sur le pied d'Uday, tandis que celui-ci le maudissait."

L'appui d'Uday ouvre la porte pour un chanteur comme Ismaël et lui permet de passer régulièrement à la télévision irakienne. Uday exige une commission pour services rendus, et il peut défaire une star aussi rapidement qu'il l'a faite. C'est la même chose en sport. Raed Ahmed était un haltérophile olympique qui porta le drapeau irakien lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux d'Atlanta en 1996. "Uday était le président du comité olympique et de tous les sports en Iran", Ahmed me dit un peu plus tôt cette année, dans son appartement dans la banlieue de Détroit. "Pendant les camps d'entraînement il surveillait attentivement tous les athlètes, restant en contact avec les entraîneurs, les poussant à pousser les athlètes à fournir plus d'efforts. S'il est mécontent des résultats d'un athlète, il enverra les entraîneurs et l'athlète dans la prison qu'il maintient à l'intérieur même du bâtiment du comité olympique. Si vous vous engagez sur un certain résultat, et échouez à l'atteindre en compétition, la punition est alors une prison spéciale où l'on torture les internés. Certains athlètes abandonnèrent quand Uday prit le pouvoir sur les sports, y compris certains des meilleurs dans leur discipline. Ils avaient compris que le jeu n'en valait pas la chandelle. D'autres comme moi aimaient leur sport, et le succès peut être le point de départ de meilleures choses en Irak, comme une belle voiture, une belle maison, une carrière. J'ai toujours évité la punition. J'étais prudent et ne promettais que ce que j'étais sûr de pouvoir tenir. Je disais toujours qu'il y avait de fortes chances que je sois battu. Puis, quand je gagnais, Uday était heureux."

Ahmed avait l'air d'un géant dans son petit salon, ses épaules presque aussi larges que le dossier de son canapé. Le monde de Saddam et de Uday le frappe maintenant comme un pays des merveilles bizarre, toute une nation otage des caprices d'un tyran et de son fils fou. "Quand je suis passé à l'étranger Uday a été très en colère" dit-il. "Il rendit visite à ma famille et les questionna: 'Pourquoi Ahmed a-t-il fait une telle chose?' demandait-il 'je l'avais toujours récompensé'. Mais Uday est méprisé."

Saddam tolérait les excès d'Uday, ses fêtes d'ivrognes, sa prison privée à l'état-major du comité olympique, jusqu'à ce qu'Uday assassina l'un des principaux assistants du Grand Oncle en 1988. Uday essaya de suite de se suicider avec des somnifères. Selon les Cockburn, "alors que l'on pompait son estomac, Saddam arriva dans la salle des urgences, écarta les médecins, et frappa Uday au visage, criant 'ton sang coulera comme celui de mon ami!'"

Son père s'adoucit, et le meurtre fut déclaré comme étant un accident. Uday passa quatre mois en incarcération puis quatre mois avec un oncle à Genève avant d'être arrêté par la police suisse pour port d'arme cachée et expulsé. De retour à Bagdad, en 1996, il y eut une tentative d'assassinat contre lui. Il fut atteint de huit balles et il est maintenant paralysé en dessous de la ceinture. Son comportement l'a disqualifié comme successeur de son père. Saddam a fait durant les dernières années de gros efforts pour préparer Qusay à lui succéder, un héritier plus calme, plus discipliné et plus respectueux.

L'attentat contre Uday fut un avertissement pour Saddam. Il est dit qu'un petit groupe de dissidents irakiens, bien éduqués, dont aucun n'a été arrêté malgré des milliers d'arrestations et d'interrogatoires, commit cet attentat. Les conjurés sont, selon la rumeur, associés à la famille du général Omar al-Hazzaa, l'officier dont la langue avait été coupée avant qu'il ne soit exécuté avec son fils. C'est peut-être vrai, mais on ne manque pas de clans touchés en Irak.



Un personnage immortel et incompris

Alors que Saddam approche de son 66e anniversaire, ses ennemis sont nombreux, forts et déterminés. Il fêta la défaite électorale de George Bush en 1992 en tirant au fusil du balcon du palais. Dix ans plus tard un nouveau Président Bush est à la Maison Blanche, avec une nouvelle mission nationale d'éliminer Saddam. Aussi les murs qui protègent le tyran montent-ils de plus en plus haut. Ses rêves panarabiques et son rôle historique deviennent de plus en plus irréels. Dans ses moments de lucidité Saddam doit savoir que même s'il réussit à s'accrocher au pouvoir jusqu'à la fin de sa vie, ses chances d'être le père d'une dynastie sont très minces. Quand il se retire dans des lits secrets chaque nuit, s'asseyant pour regarder un de ses films favoris à la télévision ou pour lire un livre d'histoire, il doit savoir que tout se terminera mal pour lui. Tout homme qui lit autant que lui, qui étudie les dictateurs de l'histoire moderne, sait qu'à la fin ils sont tous renversés et méprisés.

"Son but est d'être le leader de l'Irak pour toujours, pour aussi longtemps qu'il est en vie" dit Samarai. "C'est une tâche difficile, même quand les Etats-Unis ne vous prennent pas pour cible. Les Irakiens sont un peuple sans merci. C'est l'une des nations les plus difficiles à gouverner. Pour établir son propre régime Saddam a versé tant de sang. Si son but est que son pouvoir soit transféré à sa famille après sa mort, je pense que cela est du domaine des vœux inaccessibles. Mais je pense qu'il a perdu tout contact avec la réalité depuis longtemps."

C'est pourquoi à la fin Saddam échouera. Sa cruauté a créé des vagues énormes de peur et de haine, et cela l'a aussi isolé. Il n'est plus au contact. Ses discours aujourd'hui résonnent comme un disque rayé. Ils ne résonnent même plus dans le monde arabe où il est méprisé autant par les laïques libéraux que par les conservateurs musulmans. En Irak même, il est haï universellement. Il accuse les sanctions de l'ONU et l'hostilité des Etats-Unis pour la paralysie de l'état, mais les Irakiens comprennent qu'il en est la vraie cause. "Chaque fois qu'il commençait à blâmer les Américains pour ceci ou cela, nous nous regardions les uns les autres en levant les yeux au ciel" dit Sabah Khalifa Khodada, l'ancien major irakien qui fut déshabillé et désinfecté pour une rencontre avec le Grand Oncle. Les forces qui le protègent savent aussi cela, elles ne vivent pas toujours derrière les murs. Leur loyauté est commandée par la peur ou l'intérêt et basculera de manière décisive dès qu'une alternative apparaîtra. La clé pour en finir avec la tyrannie de Saddam est de trouver une alternative. Ce ne sera pas facile. Saddam n'abandonnera jamais. Le renverser signifie quasi certainement le tuer. Il maintient son pouvoir sur l'Etat comme il protège sa vie. Il n'y a aucune panique dans son combat.

Mais malgré toutes ces menaces environnantes, Saddam se voit comme un personnage immortel. Rien ne peut mieux illustrer cela que l'intrigue de son premier roman Zabibah et le roi. C'est une simple fable qui se déroule dans un passé arabe mythique, sur un roi enfermé derrière les hauts murs de son palais. Il se sent coupé de ses sujets aussi sort-il parfois pour les rencontrer. Lors d'une sortie dans un village rural le roi est frappé par la beauté de la jeune Zabibah. Elle est mariée à époux brutal, mais le roi la convoque en son palais, où ses manières rustiques sont d'abord méprisées par les courtisans sophistiqués. Avec le temps la douce simplicité et la vertu de Zabibah charment la cour et lui gagnent le cœur du roi, bien que leurs relations restent chastes. La questionnant sur ses méthodes rudes, le roi est rassuré par Zabibah qui lui dit: "Le peuple a besoin de mesures strictes de façon à se sentir protégé par cette sévérité."

Mais des forces obscures envahissent le royaume. Des étrangers infidèles pillent et détruisent le village, aidés par le mari jaloux et humilié de Zabibah, qui la viole. (Cet outrage se produit le 17 janvier 1991, le jour où les Etats-Unis et leur coalition commencèrent leurs attaques aériennes contre l'Irak). Zabibah est tuée; le roi vainc son ennemi et tue le mari de Zabibah. Puis il tente l'expérience de donner plus de liberté à son peuple mais ils se combattent entre eux. Leurs querelles sont interrompues par la mort du bon roi qui leur fait réaliser sa grandeur et son importance. Les sages avis de Zabibah la martyre leur reviennent en mémoire: le peuple a besoin de mesures strictes.

Et ainsi Saddam défend la simple vertu et le glorieux passé arabe, et rêve que son royaume, bien qu'il soit universellement dédaigné et sali, se lèvera à nouveau et triomphera. Comme le bon roi, il est vital d'une certaine manière qu'il ne soit pas bien compris jusqu'à sa fin. Nous n'en prendrons tous conscience que lorsque nous étudierons les paroles et les actes de son âme magnifique et intraitable. Il attend ce moment de triomphe dans un futur distant et glorieux qui sera le pendant d'un passé distant et glorieux.



Texte original: Mark Bowden, "Tales of the Tyrant", The Atlantic Online, May 2002    
Traduction: Norbert Lipszyc pour Reponses-Israel et reinfo-israel.com
    






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