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L'Armée XXI est sortie presque intacte de 20 mois de consultation et de négociation

25 octobre 2002


Plan directeurt de l'Armée XXIL

es nombreuses divergences entre les chambres ont finalement été réglées, et le Parlement a approuvé le projet Armée XXI et les textes de loi qui le fondent. Malgré l'annonce d'un référendum lancée par plusieurs organisations isolées, c'est donc une phase politique longue de 20 mois qui s'achève – sans modification déterminante du Plan directeur.

Le 4 octobre dernier, le Parlement a accepté avec des majorités confortables les différents textes légaux liés à la réforme de l'armée. L'avant-projet du Plan directeur de l'Armée XXI (PDA) avait été rendu public par le conseiller fédéral Samuel Schmid le 21 février 2001, voici 20 mois, et plusieurs modifications lui avaient été apportées avant la version soumise au Parlement, datée du 24 octobre 2001. Trois sessions parlementaires auront été nécessaires pour entériner les innovations apportées par la réforme, dont le démarrage a entre-temps été retardé d'une année. Au final, l'Armée XXI va se concrétiser pour l'ensemble des militaires le 1er janvier 2004, soit 7 ans et demi après la création de la commission Brunner, dont le rapport a constitué la base du projet.

«... la révolution annoncée aura bien lieu, tant il est vrai que la plupart des innovations marquantes ont été sans autre acceptées par le Parlement. »
«... la révolution annoncée aura bien lieu, tant il est vrai que la plupart des innovations marquantes ont été sans autre acceptées par le Parlement. »

La lenteur de cette gestation souligne aussi bien la difficulté que la complexité de cette réforme. Les résistances et les divergences au sein de l'institution militaire ont été nombreuses, et certaines innovations suscitent encore des ricanements ironiques ou des exclamations de doute autour des popotes. De même, les implications politiques ont été si profondes qu'il a été nécessaire de convaincre les députés des nouveautés qu'ils avaient eux-mêmes proposées, ou précédemment acceptées. Enfin, les médias n'ont pas manqué de commenter sans aménité l'ensemble du processus, et plusieurs rédacteurs ont ouvertement annoncé la mort imminente du projet. Mais la patience et l'argumentation sont parvenus à surmonter l'immobilisme et l'incrédulité.

Aujourd'hui, et malgré un référendum annoncé qui n'inspire guère de crainte, l'Armée XXI est en effet dans la dernière ligne droite de sa concrétisation. Les règlements essentiels – la Conduite opérative, la Conduite et organisation des états-majors ainsi que la Conduite tactique – sont disponibles en allemand dans des versions presque définitives. Le premier service d'avancement utilisant pour base la doctrine et l'organisation XXI, le stage de formation d'état-major général I, commencera le 11 novembre prochain. Et force est d'admettre que la révolution annoncée aura bien lieu, tant il est vrai que la plupart des innovations marquantes ont été sans autre acceptées par le Parlement.


Palabres pour 21 semaines

Pourtant, les représentants du peuple et des cantons se sont déchirés sur plusieurs questions, et pas nécessairement les plus importantes. La pierre d'achoppement la plus connue du public était la durée de l'école de recrues, et le fait de savoir si le Conseil fédéral ou l'Assemblée fédérale déterminerait celle-ci. Initialement, les auteurs du projet avaient prévu une instruction échelonnée sur 24 semaines, contre 15 semaines pour l'armée actuelle ; mais la succession chaque année de 3 départs d'écoles durant 6 mois imposait en fait une charge inouïe pour le personnel enseignant, qui aurait probablement condamné celui-ci au burn-out généralisé. Devant les réticences émises par les politiques, les militaires ont donc promptement réduit la durée de l'ER à 21 semaines, en séparant en 3 fois 7 semaines l'instruction générale de base, l'instruction de base spécifique à la fonction l'instruction en formation.

Ces 6 semaines ajoutées à la première formation des soldats, dont les cadres de l'Armée 95 savent bien l'importance, n'en ont pas moins suscité la polémique. Même si la décision de prolonger l'ER pour diminuer le nombre de cours de répétitions a été prise très tôt en accord avec les milieux économiques, ceux-ci ont néanmoins contesté les 21 semaines ; les milieux pédagogiques ont également critiqué cette durée, qui pose problème pour les étudiants universitaires. De manière plus générale, c'est toutefois le besoin d'excéder les 17 semaines de l'Armée 61 qui a été remis en cause, notamment par les cadres de milice ayant fait toute leur carrière militaire dans l'ancienne organisation. Une école de 18 semaines semblait suffisante à nombre de politiques, en particulier au Conseil des Etats.

Infanterie mécanisée

A dire vrai, la durée uniforme des ER n'a jamais fait l'unanimité au sein des réformateurs : les exigences varient si nettement entre les armes qu'une durée différenciée a par exemple dès le départ été prévue pour la formation des grenadiers. Le Conseil fédéral a ainsi pu proposer un compromis que les parlementaires ont adopté : environ un tiers des recrues effectueront une école de 18 semaines, notamment dans les troupes du génie et de la logistique, alors que les deux tiers restants serviront 3 semaines supplémentaires, en particulier pour les troupes de combat. L'essentiel du projet a donc été sauvegardé, puisque la durée de 21 semaines permettra d'instruire les futures recrues jusqu'au niveau de la compagnie renforcée, alors que les corps de troupes pourront se concentrer sur l'engagement bataillonnaire.

«...21 semaines permettront d'instruire les futures recrues au niveau compagnie renforcée, et les corps de troupes pourront se concentrer sur l'engagement bataillonnaire. »
«... 21 semaines permettront d'instruire les futures recrues au niveau compagnie renforcée, et les corps de troupes pourront se concentrer sur l'engagement bataillonnaire. »

Au total, la majorité des soldats de l'Armée XXI accompliront par conséquent 39 semaines de service : une ER de 21 semaines et 6 CR de 3 semaines, ou une ER de 18 semaines et 7 CR de 3 semaines. Les parlementaires ayant accepté sans broncher le retour à un rythme annuel pour les CR, une mesure tout aussi indispensable, les citoyens pourront donc à l'avenir achever leurs obligations militaires à 26 ou 27 ans ; ils resteront encore incorporés 4 années supplémentaires dans des formations de réserve, mais sans faire service. Par ailleurs, la possibilité sera offerte de fractionner l'ER en 2 parties, de manière à ne pas pénaliser les étudiants universitaires. Dans l'ensemble, c'est néanmoins un nouveau rajeunissement de la milice suisse qui va s'opérer, alors que pendant des siècles tous les hommes de 16 à 60 ans y étaient astreints.

Une autre instruction de base a également fait l'objet de controverses : les soldats en service long. Initialement proposée par le rapport Brunner, la possibilité d'effectuer en un bloc de 10 mois la totalité de son service militaire a pourtant dû faire l'objet d'argumentations répétées pour convaincre la classe politique qu'elle était conforme au principe constitutionnel de la milice. D'autre part, les soldats en service long sont également au cœur du projet Armée XXI en matière de disponibilité opérationnelle : c'est en effet par la rotation des Durchdiener tous les 4 mois que l'armée pourra en permanence engager jusqu'à 800 hommes environ, principalement des fantassins, pour des engagements subsidiaires de sûreté ou d'appui. Ainsi sera-t-il possible d'éviter le décalage des services d'instruction des formations, comme les engagements à Genève et à Berne l'ont exigé en 1999.

Les parlementaires ont cependant manifesté une certaine méfiance face à cette nouvelle forme de service. Au-delà des réticences idéologiques, il leur est apparu nécessaire de limiter le nombre de soldats en service long recrutés chaque année ; oscillant entre 10 et 20% selon les partis, cette barre a comme de juste été fixée à 15%, soit environ 3000 hommes et femmes. Comme ce contingent correspond exactement à la planification faite au DDPS, cette décision politique a confirmé l'estimation initiale des militaires en matière de capacité opérationnelle à bref délai. La nouvelle armée ne sera donc pas désarçonnée par les aléas mineurs de l'actualité.


La poudre aux yeux structurelle

Le second domaine à avoir alimenté les discussions était celui, plus important, des structures de l'armée. Toutefois, ce ne sont pas les structures supérieures ou la séparation entre instruction et engagement qui ont été contestées, mais l'articulation de base des brigades des Forces terrestres et la subordination de leurs éléments en cas d'engagement. Initialement, les concepteurs de la réforme voulaient mettre en œuvre une modularité intégrale, avec d'un côté des états-majors d'engagement et de l'autre des modules attribués en fonction des missions. Dans les premiers mois de 2001, cette organisation pourtant logique a suscité suffisamment de résistances pour que le premier projet du PDA datant du 2 mai 2001 recrée des Grandes Unités rassemblant des troupes selon le principe d'un ancrage régional.

En fait, les détracteurs de cette réorganisation ont tenté jusqu'au bout de maintenir une sorte de statu quo par rapport au système actuel, en transformant les états-majors territoriaux prévus pour recevoir des troupes lors d'engagements subsidiaires ou sectoriels en de grandes divisions exerçant une responsabilité permanente sur toutes les troupes issues des régions qu'elles recouvrent. Ce n'est que durant la récente session parlementaire que le Conseil National est parvenu à repousser cette idée soutenue par les sénateurs, au prix d'une inversion purement symbolique dans l'énumération des structures auxquelles les bataillons pourront être attribués pour emploi. Sans d'ailleurs rien changer à l'intention de base du projet : le principe de la modularité est admis, et les ordres de bataille n'ont dès lors qu'un aspect administratif.

Engagement de l'Armée XXI en défense

Cependant, le nombre et la composition des brigades terrestres ont fait l'objet de discussions nourries, et pas uniquement dans le cercle politique, sans que les remous ainsi générés n'aient davantage de sens. Dans l'avant-projet du PDA, le DDPS proposait de constituer 3 brigades blindées, 5 brigades d'infanterie dont deux de montagne, et une brigade logistique ; au terme de la consultation effectuée à l'été 2001, la version finale du PDA est passé à 2 brigades blindées, 6 brigades d'infanterie dont deux de montagne et la même brigade logistique pour tenir compte des oppositions.

Mais le nombre et le type des bataillons n'ont pas été modifiés : au lieu de 3 brigades "jaunes" à 4 bataillons de mêlée, le Département proposait 2 brigades à 6 bataillons de mêlée. Une pure cosmétique rarement comprise.

«...le nombre et la composition des brigades terrestres ont fait l'objet de discussions nourries, sans que les remous ainsi générés n'aient davantage de sens. »
«... le nombre et la composition des brigades terrestres ont fait l'objet de discussions nourries, sans que les remous ainsi générés n'aient davantage de sens. »

Ce d'autant plus que les montagnards ont accaparé une bonne partie des débats. D'une part, les politiciens tessinois exigeaient la création d'une troisième brigade d'infanterie de montagne pour que l'armée compte encore une Grande Unité entièrement italophone, ce qui comportait une justification certaine. D'autre part, des officiers généraux et supérieurs se sont ouvertement lamentés de la faiblesse des troupes attribuées au brigades de montagne, sans se rendre compte que le principe de la modularité rendaient sans objet leurs propos. Ces pressions n'en ont pas moins porté leurs fruits, puisque les parlementaires ont décidé la création de cette troisième brigade ; mais comme le nombre de bataillons de mêlée reste toujours inchangé, toutes ces discussions éminemment nostalgiques n'ont en somme été que poudre aux yeux.

Les principes d'engagements au niveau tactique le soulignent d'ailleurs à l'envi, puisque la Conduite tactique XXI définit les engagements des futures brigades de manière strictement modulaire, avec une répartition des moyens dépendant du secteur d'engagement et de la mission. Avec au minimum 4 bataillons de mêlée par brigade, et un total de 22 bataillons d'infanterie et 12 bataillons de chars et mécanisés, nous en restons par conséquent à cette limite de 8 brigades de combat annoncée dès l'an 2000. Il était d'ailleurs impossible de modifier profondément les structures sans bouleverser les équilibres en matière d'effectifs, et sans se heurter aux limites imposées par les équipements disponibles. Que la classe politique ait consacré autant de temps à un problème au mieux symbolique reste une source d'étonnement.

Il faut cependant relever que le Parlement a également pris durant la dernière session deux autres décisions en matière de structures. Premièrement, une brigade d'aide au commandement sera créée, de sorte que l'armée comptera un total de 10 Grandes Unités ; il reste toutefois à expliquer comment cette formation sera concrètement engagée, et si elle ne se contentera pas de rassembler les formations de transmissions et de guerre électronique que les états-majors des brigades auraient de toute manière été bien en peine d'instruire. L'introduction dans le courant de la décennie des systèmes informatiques de commandement et contrôle montre d'ailleurs qu'une centralisation de l'instruction est indispensable. Il faut dès lors se demander si cette nouvelle brigade ne fera pas double emploi avec la formation d'application d'aide au commandement.

Deuxièmement, le poste de Chef d'engagement des Forces terrestres est supprimé. A l'origine, l'intention de séparer clairement l'engagement de l'instruction avait abouti à créer deux chefs pour chaque domaine au sein des Forces. Mais il est rapidement apparu que si un tel échelon était pleinement justifié pour les opérations aériennes, il pouvait également s'agir d'un niveau surnuméraire pour les opérations terrestres, entre les états-majors des régions territoriales ou des brigades et l'état-major de l'armée. On peut ainsi interpréter cette décision comme une manière de renforcer l'autorité des régions territoriales, qui auront à assumer la pleine responsabilité des engagements subsidiaires et seront les garantes des relations entre l'armée et les autorités locales.


Une révolution en marche

Au final, trois sessions parlementaires passablement embrouillées n'auront abouti qu'à 5 modifications du PDA, qui plus est dans des domaines et sur des points parfois marginaux. Si l'on y ajoute le fait que l'armée a accepté en début d'année de conserver quelques colonnes du train pour soutenir les éleveurs chevalins du pays, on constate que les oppositions politiques au projet ont avant tout été mues par un conservatisme fondé autant sur l'amour des traditions que sur l'immobilisme intellectuel. Pourtant, la plupart des innovations marquantes du projet Armée XXI sont passées comme une lettre à la poste, parfois sans que les discussions aillent au-delà des commissions de sécurité. Faut-il y voir la clairvoyance, la confiance ou l'incompétence de la classe politique ? Probablement un peu des trois. Quoi qu'il en soit, la révolution annoncée aura bel et bien lieu. Examinons à présent ses principaux éléments.

  • La collaboration avec les armées étrangères, y compris dans un cas de défense lorsque la neutralité devient caduque, sera donc l'un des principes de base de la nouvelle armée. Autant dire qu'il s'agit là d'une réorientation fondamentale de la stratégie militaire dont les conséquences vont apparaître au quotidien dans la formation des cadres, l'acquisition des équipements ou encore les planifications opérationnelles. Plus rien ne sera comme avant : les exigences liées à l'interopérabilité condamnent à tout jamais le nombrilisme de l'helvétisation. En contrepartie, il est vital que cette ouverture n'aboutisse pas à vendre notre âme et à galvauder une culture militaire basée sur des siècles de traditions valables. Il faudra des années avant qu'un équilibre soit trouvé et que l'Armée XXI soit pleinement opérationnelle, mais c'est avant tout le prix de notre stagnation passée.


  • Les actions dans la profondeur feront donc bien partie de notre doctrine opérative, ne serait-ce qu'en raison de leur intégration à la doctrine de l'OTAN. Contestée pour des raisons idéologiques par certains politiques, la notion d'avant-terrain opératif restera au centre des capacités opérationnelles de la nouvelle armée, qui devra pouvoir engager du feu air-sol et sol-sol, des éléments terrestres non conventionnels et une force de sécurité de la taille d'une brigade jusqu'à au moins 100 km au-delà de la zone de contact – c'est-à-dire la frontière dans la plupart des cas. Après des années de tergiversations, le problème du feu opératif devra finalement être réglé, et l'acquisition de munitions guidées pour nos avions de combat, de drones supplémentaires pour l'exploration en profondeur et de lance-fusées multiples à longue portée seront incontournables.


  • La création de forces d'opérations particulières sera également une réalité. A lui seul, cet aspect de la réforme est à la fois l'un des plus importants et l'un des moins discutés, même s'il suscite encore la méfiance de certains cadres supérieurs – comme le font les forces spéciales dans toutes les armées du monde. Dans quelques années, le pays aura néanmoins la capacité d'engager en quelques heures et sur d'autres continents un détachement armé pouvant rapatrier des citoyens suisses menacés, mener une reconnaissance préalable à une mission de maintien de la paix, libérer une installation d'importance nationale, ou en cas de guerre détruire des objectifs stratégiques. Les impératifs liés à la projection sans délai, à l'interopérabilité en temps de crise et à la relation interculturelle seront pour notre armée une démarche révolutionnaire.


  • L'engagement accru dans les missions de maintien de la paix sera une priorité pour les chefs militaires, puisque l'objectif d'engager à l'horizon 2010 jusqu'à un bataillon complet dans ce but – soit plus de 1000 hommes – reste en vigueur. Il faut bien s'imaginer qu'un secteur sous responsabilité helvétique dans une contrée déchirée des Balkans, par exemple, implique des exigences très élevées en matière de sécurité, d'intégration interarmées et multinationale, et de coopération civilo-militaire. Les missions à l'étranger ne pourront plus être considérées comme des engagements essentiellement humanitaires, ou à tout le moins réservés à des volontaires légèrement excentriques, mais seront au cœur de l'instruction militaire par les leçons qu'elles permettront de tirer. A terme, ces missions pourront même abattre ces barrières qui empêchent aujourd'hui la libre circulation des connaissances et des enseignements dans les rangs.


  • La nomination d'un Chef de l'armée responsable de tous les éléments militaires est en soi l'un des éléments cruciaux de la réforme. A l'origine, les militaires redoutaient même tellement le rejet de cette proposition que tout a été fait pour réduire le profil de ce commandant unique, en le séparant clairement du général élu par l'Assemblée fédérale et du mythe qui entoure ses 4 étoiles. C'est pourtant un homme – ou une femme – destiné à exercer une responsabilité comparable, qui sera constamment sous les feux de la critique et qui, plus qu'aucun autre cadre militaire, sera la personnification de l'armée. La dilution des responsabilités due au système collégial actuel, de même que les réactions pour le moins timides de l'armée face aux problèmes de la violence et de la drogue, devraient donc disparaître avec l'avènement d'un chef unique. Encore faut-il, bien entendu, que le Conseil fédéral désigne une personnalité à la hauteur de la tâche.


  • La séparation entre instruction et conduite est également l'un des principes fondateurs du projet. Son adoption permettra aux formations d'application, les structures qui remplacent les écoles traditionnelles, de centraliser le personnel et le savoir-faire dont dépend l'instruction, tout en permettant aux cadres de milice de se concentrer sur la conduite. Si le gain d'efficacité résultant par exemple d'une instruction dispensée par des militaires professionnels sera considérable, le renforcement de l'unité de doctrine ne sera pas un avantage moins important. Dans les faits, les formations d'application auront une influence déterminante sur tous les corps de troupes, et malgré les réticences de la classe politique, ce sont finalement elles et non les brigades d'engagement ou les régions territoriales qui seront responsables de l'instruction des formations – pour une seule raison : la compétence.

 

Bien entendu, une multitude d'autres innovations majeures – comme le recrutement en trois jours, la possibilité d'être sélectionné très vite pour l'instruction des cadres, ou encore la transformation de la logistique – méritent également notre attention ; toutefois, les éléments ci-dessus sont à notre sens les principaux vecteurs de changement pour la majorité des cadres et pour le public. L'armée ne va certes pas être transfigurée dès le 1er janvier 2004, et il faudra attendre entre 2006 et 2008 pour que la réforme soit vraiment entrée dans les mœurs. De même, il n'y a aucune illusion à se faire sur les corrections qui devront être apportées au projet avant cette date, car une transformation de cette ampleur ne peut se faire sans frictions et sans erreurs. Mais l'Armée XXI sera avant tout une organisation tournée vers l'avenir, susceptible d'évoluer en permanence, et les premières études pour l'armée qui lui succèdera – l'Army After Next, en somme – ont commencé à être écrites l'an dernier. Nous n'avons donc pas fini de parler de l'armée dans ce pays, même au-delà du référendum annoncé sur la réforme actuelle !




Cap Ludovic Monnerat    





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